Mara Tremblay : Le coeur avant tout
Musique

Mara Tremblay : Le coeur avant tout

Mara Tremblay est de retour sur scène et elle compte bien y rester pour un moment. Libérée, elle nous revient sereine.

Avec l’album Tu m’intimides, le succès critique s’est additionné à un spectacle qui a fait l’unanimité. Mara Tremblay s’est révélée avec ce disque percutant l’année dernière, grâce au travail combiné d’Olivier Langevin et de Dan Thouin à la réalisation. Encore aujourd’hui, c’est un joyau dans la discographie de l’auteure-compositrice-interprète qui, à cette époque, semblait flotter sur un nuage de bonheur. Tout était lancé, et pourtant l’artiste a dû interrompre sa tournée pendant quelques mois. "Annuler des spectacles, c’est la pire chose qui puisse arriver, avoue-t-elle. Ce n’est jamais drôle. Il me fallait surtout du repos, et pour l’instant je garde ça pour moi. C’était pour des raisons physiques et personnelles." Maintenant de retour, elle compte bien en profiter avec ses complices pour reprendre le temps perdu. Nul doute que ses fidèles sauront lui pardonner sans rechigner cette pause salvatrice.

Cette artiste semble tout faire dans la transparence. L’entendre et la voir sur scène, c’est être livré à un monde intérieur qu’elle dévoile avec une voix qui ne saurait mentir. "J’ai toujours trouvé que la seule liberté qu’on puisse s’accorder lorsqu’on est sur la scène, c’est d’être qui on est vraiment. L’idée, c’est d’interpréter des chansons avec une fidélité du coeur. Moi, je fais ce métier pour m’épanouir." Voilà peut-être le secret de cette voix.

Mise en nomination au dernier Gala de l’ADISQ, entre autres dans les catégories Meilleur album pop-rock et Meilleure réalisation, elle semblait avoir de bonnes chances de se retrouver avec un Félix. "Non! Je ne m’attendais pas à gagner quoi que ce soit. J’étais vraiment heureuse de me retrouver là, en fait. Il doit y avoir une cinquantaine d’artistes qui sont admissibles à la catégorie pop-rock? L’ADISQ en retient seulement quatre ou cinq chaque année. Et puis, comme les ventes représentent un grand pourcentage de la note accordée, je savais bien que je ne gagnerais pas."

Un facteur d’évaluation qui a effectivement joué dans le résultat, avec des trophées remis à Pierre Lapointe (l’album pop-rock) et Louis-Jean Cormier (la réalisation du disque hommage à Gaston Miron), deux productions qui ont franchi la barre des 40 000 exemplaires vendus en très peu de temps. "Ça, c’est le côté commercial de la patente. Mais ça ne me dérange pas, je n’ai jamais marché là-dedans de toute façon! La reconnaissance, je vais la chercher en spectacle et avec les commentaires des gens qui me parlent et qui m’écrivent."

Modeste en tous points, même le succès d’une Marie-Pierre Arthur ne la surprend pas outre mesure. Alors que nous pourrions voir dans cette nouvelle venue une émule de Mara, l’interprète relativise le tout sans hésiter. "Tu trouves? Marie-Pierre est une excellente chanteuse. Moi, je suis une musicienne qui s’est mise à chanter plus tard. Je ne pourrai jamais te dire si j’ai influencé qui que ce soit. À mon avis, elle est même rendue plus loin que moi!"

À écouter si vous aimez /
Fred Fortin, Charlotte Gainsbourg et Marie-Pierre Arthur

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Le bonheur est dans le près

Et, en ce moment, est-ce que Mara est heureuse? "Oui, complètement! Le but de la vie est de tout faire pour être heureux, selon tes barèmes et tes valeurs, et ils diffèrent de personne en personne. Moi, je le suis!" répond-elle avec conviction. Maintenant que la tournée québécoise a repris son cours normal et que Mara a retrouvé avec ravissement les salles intimes, la chanteuse, qui célébrera son 41e anniversaire à l’été, profite de ces bonheurs d’occasion pour faire de fastes prises de conscience. "La notion de précieux est encore plus là", affirme-t-elle à propos de son métier. "Tout est amplifié. Peu importe ce qui arrive dans la vie, quand il se passe des trucs qui te donnent une claque dans la face, tu apprends à apprécier tout ce qui peut autrement te glisser facilement entre les doigts." Avec sa facture "frenchie cool", Tu m’intimides pourrait traverser l’Atlantique et y trouver facilement un public réceptif. Reste à savoir si l’aventure française attire la principale intéressée. "Pour être tout à fait honnête, la France n’est pas un grand rêve pour moi. Percer le marché européen nécessite beaucoup d’implication… Je n’ai pas cette disponibilité. Mon équilibre pour atteindre le bonheur, c’est avant tout d’être une maman, je pense donc que j’ai quelque chose d’encore plus important à vivre à Montréal. C’est pas une priorité", conclut celle qui annoncera dans les prochaines semaines sa participation à une pléiade de festivals estivaux. (G. Moffet)