Pytshens Kambilo : Le pitch de Pytshens
L’Africain Pytshens Kambilo s’installe au Québec avec sa guitare et ses chansons qui bougent. Mais les danses et les clichés de Kinshasa, ce n’est pas son truc.
C’est une tradition bien ancrée au Musique Multi-Montréal: un artiste inconnu emménage en ville pour une résidence de deux mois, multiplie les rencontres et nous concocte quelque chose de nouveau avec des musiciens locaux pour la clôture du festival. Le candidat élu cette année, le Congolais Pytshens Kambilo, avait visité Montréal deux semaines l’an dernier, de sa propre initiative, avant de se porter volontaire pour y revenir coûte que coûte. "J’aimais bien la ville, explique le chanteur. Alors, à mon retour à Paris, j’ai multiplié les démarches sur Internet, je me suis proposé pour l’édition 2010 et j’ai pu obtenir une bourse."
Sympathique et débrouillard, Pytshens a inventé une langue chantée (le ndoa), a gagné le prix SACEM 2009 de l’originalité, a terminé son troisième album indépendant, Toloba vérité, et est retourné donner des concerts à Kinshasa à la fin du mois de janvier.
Aucun problème avec les autorités?
"Jusque-là, ça va, affirme calmement l’intéressé. L’album prône qu’il faut changer d’attitude dans la société congolaise, afficher plus de franchise face aux pressions et aux sujets qui dérangent. La véritable problématique, c’est de trouver le moyen de bien dire tout cela. Mais quand un artiste africain vit en France et retourne sur le continent de temps en temps, il constate des choses inadmissibles. Il faut ne pas être humain pour laisser passer tout ça."
S’il reste bien attaché à ses racines, Kambilo considère pourtant qu’il a mieux à faire avec sa guitare que de perpétuer les musiques de bal qui ont fait la gloire de Franco, du Tout Puissant O.K. Jazz ou des Kanda Bongo Man de ce monde.
"Il y a autre chose que la rumba et le soukouss là-bas. Je n’aime pas faire comme tout le monde. J’aime surtout les musiques traditionnelles. D’ailleurs, au Congo, nous avons 450 ethnies avec des coutumes et des rythmes divers. Imaginez!…"
On imagine aisément en écoutant ce musicien inventif et rafraîchissant. De la flûte de Pan, une calebasse, des sonorités acoustiques et subtiles à l’instar des Kanza, Loueke, Koité ou D’Gary. À quoi donc faut-il s’attendre? "Je chanterai seul, à la guitare, puis je ferai huit pièces avec des musiciens montréalais. Après, il y aura d’autres invités."
À voir si vous aimez /
Lokua Kanza, Lionel Loueke, D’Gary
Musique Multi-Montréal
Pour son 20e anniversaire, sous le thème "Au rythme du monde", le festival printanier MMM s’émancipe du 13 au 24 avril. Toujours basée dans son foyer à Ahuntsic, l’organisation s’enhardit vers de nouvelles scènes: Frontenac, Club Soda, Théâtre Outremont, Les Bobards. Encore au programme, ces fameuses soirées de "speed dating" qui ont fait la réputation de la maison comme la rencontre "Reggae du monde" ou "Bienvenue chez les Roms" qui marque, entre autres, la rentrée montréalaise des Gitans de Sarajevo (24 avril). De la visite qui vient de loin: Stree Shakti d’Anuradha Pal, directement de l’Inde – une coproduction intéressante du MMM avec le centre culturel Kadir (17 avril) – et, la veille, le vendredi 16, l’ébouriffant guitariste malgache Solorazaf se joint aux trois gars du MG3 et au trio Small World Project. www.musiquemmm.com