Hawksley Workman : Sans foi ni loi
Musique

Hawksley Workman : Sans foi ni loi

Hawksley Workman est libre comme l’air et entend bien le rester. L’artiste nous offre deux productions en opposition et monte sur scène avec son flegme légendaire.

On ne peut pas reprocher à l’auteur-compositeur-interprète et réalisateur Hawksley Workman d’être avare de productions discographiques. Il y a deux ans, il nous offrait coup sur coup deux albums: Between the Beautifuls et Los Manlicious. Il récidive maintenant avec Meat et Milk, deux productions qui s’opposent l’une l’autre. Si Meat est parue en format CD au mois de janvier dernier, Milk, elle, a été distribuée sur le site Internet de l’artiste, une chanson à la fois. Une méthode peu orthodoxe qui nous donne accès à 23 chansons au total. Une stratégie qui porte fruit?

"Pour l’instant, je ne suis sûr de rien, avoue-t-il. Je constate que l’album Meat a reçu beaucoup plus de visibilité, et c’est normal. Milk sortira en CD et en vinyle seulement au mois de mai prochain. Même si toutes les chansons sont disponibles, je crois que ce sont surtout les amateurs de musique qui me suivent depuis longtemps qui en profitent. Tant mieux! Je n’ai plus à m’imposer les règles commerciales des grosses compagnies de disques. Je suis libre et je peux faire ce que je veux."

Libre, il l’est devenu lorsque la multinationale Universal l’a libéré, il y a quelques années. Depuis, il est seul à la tête de sa propre étiquette de disques, Isadora Records, et sa créativité ne semble pas connaître de limites. En parallèle, il est devenu réalisateur et écrit pour d’autres artistes: Tegan and Sara, Serena Ryder, Hey Rosetta! et Sarah Slean, pour en nommer quelques-uns. Une multitude de projets connexes qui amènent Workman à se qualifier de col bleu de la musique.

Après quelques épreuves, dont une séparation douloureuse l’année dernière, l’artiste s’est renouvelé de nouveau. Avec Meat, il signe sans doute la production la plus transparente de sa carrière. "Peut-être un peu trop transparente, constate-t-il en riant. Au moment d’écrire cet album, j’étais dans un état d’esprit lamentable. On se dit les choses telles qu’elles sont et on en tire les conclusions. Ce qui était difficile, c’était la vie en elle-même. Le studio, c’était la meilleure solution pour ne pas sombrer dans l’autodestruction qui nous guette lorsqu’on traverse une mauvaise passe. En travaillant, on amène cette énergie ailleurs. Au bout du compte, ce fut très bénéfique."

Pour l’album Milk, plus électronique et pop, c’est le hasard qui s’est chargé de tout. Invité par son éditeur [NDLR: homme qui représente le catalogue de chansons d’un artiste] à venir à Stockholm, en Suède, il tombe sur le producteur et musicien Marten Tromm, qui trempe dans la musique électronique. "Nous avons le même éditeur et il nous a réunis pour écrire des chansons. Nous devions faire, entre autres, un succès pop instantané pour une idole suédoise. Lorsque j’ai rencontré Marten, je me suis rendu compte que nous étions des créateurs un peu trop étranges pour faire ce genre de travail. Nous sommes devenus amis à cet instant et nous nous sommes plongés dans l’écriture de cet album. Il suffit de rester ouvert d’esprit, et tu fais une rencontre pareille! Je me suis toujours considéré très chanceux pour ça."

À écouter si vous aimez /
Jeff Buckley, The Dandy Warhols, Ron Sexsmith