Mike Goudreau Jazz Band : Soleil bleu
Mike Goudreau est plus que jamais crooner sur Look for the Sunshine. Un allègre album de douce ivresse qui monte à la tête.
Le rock’n’roll a sonné le glas du Great American Songbook, mais le Mike Goudreau Jazz Band le rouvre aujourd’hui et s’amuse à y ajouter quelques pages avec Look for the Sunshine. "J’ai essayé de composer des chansons jazz qui sonnent comme si elles avaient été écrites dans les années 50-60", explique son leader, pour qui il s’agit d’un 11e album.
Surtout connu pour son travail avec le Boppin’ Blues Band, le polyvalent Goudreau revient au jazz déjà exploré sur Stardust Memories en 2000. Au fil de l’écoute, on reconnaîtra entre autres un Chet Baker mélancoliquement enamouré ou les gouailleurs crooners du Rat Pack sur des morceaux inspirant un confortable alanguissement de fin d’après-midi, cravate dénouée, apéro à la main. "Les paroles sont romantiques, ça rappelle un temps où les choses étaient moins compliquées", analyse le chanteur. Your daddy’s rich and your mamma’s good lookin…
Question de se mesurer aux grands et d’éprouver la fidélité de son écriture aux codes de l’époque, Goudreau a placé ici un Moonlight in Vermont et là un They Can’t Take That Away. "Gershwin, c’est un des plus grands songwriters des 100 dernières années. C’est dur de mettre notre travail à côté de ces grosses tounes et de ne pas être un peu intimidés… mais c’est ben le fun!"
Des chansons aux telles ambitions appelaient évidemment une certaine somptuosité d’arrangements. Le saxophoniste David Élias et le trompettiste Maxime Saint-Pierre ont créé des partitions pour une douzaine de cuivres, bien que les pièces aient été enregistrées en studio par un big band virtuel, avoue-t-on au risque de briser la magie. "C’était pas mal tripant, mais très laborieux. Ça prend beaucoup d’heures les écrire, ça prend beaucoup d’heures les enregistrer. On a fait ça avec un seul musicien par instrument, en superposant les pistes. C’est la manière la plus facile et la moins dispendieuse."
GOUDREAU INTERNATIONAL
Autoproducteur depuis ses débuts sur disque en 1994, Mike Goudreau a récemment adopté une stratégie de plus en plus courante pour faire fructifier la musique, le licensing. "Je suis rendu à 500 tounes signées avec 25 boîtes aux États-Unis. Elles ont réussi à en placer sept ou huit dans des émissions de télé à NBC, ABC, etc. Des amis qui font ça depuis longtemps m’ont dit que c’est déjà extraordinaire, mais que ça peut prendre de deux à cinq ans avant que ça se concrétise vraiment. Au moins, c’est prometteur, c’est un work in progress."
Ironiquement, ce sont les pièces les plus typiquement québécoises de Goudreau qui auront trouvé preneur, celles de son album blues francophone – un genre dont les bacs des disquaires ne débordent pas -, Nous avions rendez-vous. "On en entend dans une scène de la série Everybody Hates Chris qui se déroule dans un restaurant français." Ce n’est pas à une table d’ici que l’on ferait tourner du blues en français, faisons-nous remarquer. "C’est ben vrai!" s’esclaffe le chanteur.
Mike Goudreau Jazz Band
Look for the Sunshine
(Indépendant)
À écouter si vous aimez /
Michael Buble, Frank Sinatra, Chet Baker