Monique Giroux : Croqueuse de chansons
Musique

Monique Giroux : Croqueuse de chansons

L’animatrice Monique Giroux se fait plaisir et lance une compilation de ses chansons préférées qui baignent dans une atmosphère contemplative.

Ça fait près de vingt ans que Monique Giroux partage sa passion pour la chanson francophone sur les ondes de Radio-Canada. Avant, elle passait ses 33 tours à CIBL. Du Aznavour, dans une radio communautaire montréalaise, ça devait détonner. La mode n’était pas rendue là. Au bout du fil, elle se décrit comme anarchisante: "J’aime bien l’anti-marketing. Il n’y a rien que je déteste plus que les obligations et les interdictions. Ça me rend folle, je peux devenir agressive."

Si la tension monte, on lui conseille de mettre le disque Un design sonore de Monique Giroux, la galette qu’elle vient elle-même de concevoir. Ça devrait la calmer. On aurait pu s’attendre, vu le parcours de la dame, à un opus 100 % francophone, mais elle avoue son incapacité à se restreindre à la langue de Molière. La gourmandise est trop grande. Parmi la sélection, on passe du classique à la musique de film (superbe, La Chanson d’Hélène par Romy Schneider et Michel Piccoli), de l’anglo (Antony and The Johnsons; Marianne Faithfull) au québécois (Catherine Major), et au français (Christophe): "Les morceaux s’imposaient d’eux-mêmes. Au final, ça donne un disque à ne pas écouter les jours de pluie, quoique…" Et si on le fait quand même, que se passera-t-il? "Il va pleuvoir encore plus!"

Pour ne pas rompre la belle fluidité de cette tapisserie sonore, est-ce qu’elle a dû mettre de côté certains titres? En soupirant, elle répond: "Oui. Ce n’est pas que ça ne collait pas, mais on n’a pas eu les droits. Je pense à Vivre pour vivre d’Annie Girardot, j’y tenais. Un Grace Jones également, j’adore sa voix. Il y avait aussi, comme ligne directrice qui s’imposait, les voix particulières. Celles de Nina Simone, Arman Méliès, Jeanne Balibar, Fredo Viola, etc."

Une contrainte sur la popularité de ces artistes s’ajoutait-elle? "Pas du tout! Ni de la part du producteur ni de la mienne." Ça nous donne la possibilité de redécouvrir La Chambre de Kat Onoma, un Duodadieu par Serge Fiori et Diane Dufresne. L’occasion d’apprécier une juxtaposition particulièrement heureuse: un prélude de Chopin qui s’enlace à L’Été, une rareté de Pierre Lapointe, tirée de sa maquette de neuf titres d’avant son premier album. Le jeune homme a-t-il été difficile à convaincre de laisser sortir cette vieillerie des archives? "Moi, j’ai hésité plus que lui, en fait. J’avais l’impression de commettre une indiscrétion. Il a accepté rapidement, il voulait juste que ce soit clair que ce n’était pas une chanson nouvelle, mais qui avait dix ans, avec sa voix de l’époque…"

En bonne collectionneuse et mélomane, Monique Giroux accorde une grande importance à l’objet disque. Elle a donc soigné la présentation visuelle de son CD, l’emballage, et a rédigé des notes de livret pour chacun des morceaux choisis. Dans sa tête, elle songe déjà à un volume 2.

Monique Giroux
Un design sonore
(Tandem.mu)
Sortie le 20 avril

À écouter si vous aimez /
L’éclectisme, les cocktails musicaux, les compils lounge