Plants and Animals : Où la route mène
Délaissant le folk, qui lui allait si bien, pour épouser un registre rock indé, Plants and Animals surprend sur son deuxième album: La La Land.
"Ça fait deux ans que je vois la vie à travers la fenêtre d’une van", lance le multi-instrumentiste de Plants and Animals, Nicolas Basque, à propos des multiples tournées qui ont suivi la parution du premier album du trio montréalais, Parc Avenue. Quiconque a vu le groupe en concert a pu le constater, jamais il ne s’est efforcé de reproduire la recette folk exhaustive du compact en lice pour le prix Polaris en 2008.
"Dès le début des spectacles, nous savions qu’il était impossible de reproduire les arrangements du disque à seulement trois musiciens. Nous cherchions donc à jouer Parc Avenue sans décevoir les fans qui nous avaient découverts grâce à l’album. Nous avons laissé tomber certaines subtilités et misé sur l’énergie des pièces. Pour sonner aussi gros sur scène qu’en studio, nous avons opté pour une approche plus rock. Si certains sont déçus par les versions live, la majorité des gens aiment."
Plus Stones que Beatles
Ce qui devait arriver arriva. Influencés par les 150 concerts qu’ils ont donnés l’an dernier seulement, Nicolas, Warren Spicer (guitare-voix) et Matthew Woodley (batterie) lancent cette semaine La La Land, une deuxième production nettement plus rock que la précédente. Passé la surprise des premières écoutes, où l’on se dit que Plants and Animals sonne maintenant comme tant de groupes pop indé, la galette se dévoile tout comme le talent mélodique de Warren. "Jusqu’à encore récemment, nous étions très puristes par rapport à notre son. Nous jouions la guitare directement branchée dans l’ampli, sans pédales d’effets. Mais avec la transposition de Parc Avenue sur scène, on n’a pas eu le choix que d’inclure plusieurs effets. Ça nous a donné le goût d’explorer plusieurs sons de distorsion pour que nos guitares sonnent différemment. On a aussi écouté beaucoup de Rolling Stones (Exile on Main St.) et de Jimi Hendrix. On voulait un disque plus Rolling Stones que Beatles."
La La Land n’est pas en contradiction totale avec Parc Avenue. La délicate Kon Tiki ramène les influences world de Mercy, et la poignante Undone Melody rappelle les envolées folk épiques de Bye Bye Bye. Mais l’album enregistré au studio français La Frette (en buvant du vin) et au Treatment Room à Montréal (cette fois, du rhum & Coke) se veut plus direct, préférant la force de frappe aux fioritures. "Nous avons produit un premier mix qui contenait beaucoup d’overdubs, mais nous n’aimions pas le résultat. C’était comme si nous avions mis trop de crémage et avions perdu l’essence des chansons. Au fond, nous sommes demeurés très méticuleux dans notre approche sonore, mais nous nous sommes éclatés au niveau des compositions. La La Land n’est pas un lieu, mais un état d’esprit: une attitude forte dans un monde fou. Il fallait sentir l’unité entre les membres du groupe."
Non à Danger Mouse
Réalisé par les musiciens, le gravé aurait bien pu profiter de l’expertise de Danger Mouse à la console, lui qui compte parmi les fans de Plants and Animals. En plus de recevoir le groupe dans sa villa californienne (où Warren s’est endormi saoul accoudé au bar… rock’n’roll), le célèbre producteur a invité la formation à jouer en première partie de Gnarls Barkley à Columbus (Ohio) et, plus récemment, en ouverture de Broken Bells à New York. "Nous savons qu’il adore le groupe, assez pour nous aider en studio. Nous y avons pensé, mais cette possibilité a rapidement été écartée. Le geste aurait été plus stratégique qu’artistique. Notre compagnie de disques aurait eu un bon argument de vente, mais nous aimons trop la création pour la remettre entre les mains de quelqu’un d’autre."
Voilà le lien entre Parc Avenue et La La Land, ce même amour de la création.
Plants and Animals
La La Land
(Secret City / EMI)
En magasin le 20 avril
À écouter si vous aimez /
Neil Young, Broken Social Scene, Arcade Fire