Qwartz : Maîtres chanteurs
Qwartz, anciennement connu sous le nom de High-Shop, se produira trois soirs à guichets fermés à la salle Louis-Philippe-Poisson. Une prouesse exceptionnelle pour un jeune quatuor vocal. Rencontre avec le phénomène.
En adoptant officiellement le nom Qwartz en mars dernier, Louis Alexandre Beauchemin, François Pothier Bouchard et David Gélinas, tous des anciens Petits Chanteurs de Trois-Rivières, mettaient la note finale à High-Shop, aventure musicale qu’ils avaient vécue avec Olivier Beauchesne-Sévigny. Du coup, ils en démarraient une nouvelle avec Xavier Roy, jadis des Petits Chanteurs du Mont-Royal.
"Ça a marqué un nouveau départ, soutient François Pothier Bouchard. On était dans un no man’s land. On n’avait plus de basse [Olivier, qui terminait un doctorat en psychologie, n’avait plus de temps à consacrer au groupe]. Il fallait en trouver une très urgemment. Martin Larocque venait de nous approcher pour faire notre mise en scène. Il y avait plein de choses qui arrivaient en même temps. On s’est donc dit: "Tant qu’à faire, si on veut faire carrière là-dedans – ce qui n’était pas clair dans la tête de tout le monde dans le temps de High-Shop, même si on faisait ça de manière très professionnelle -, pourquoi pas un nouveau nom?" Parce que High-Shop, ça nous fatiguait que ce soit un nom complètement anglophone. Et Qwartz, ça fonctionne autant en français qu’en anglais. Ça fonctionne dans n’importe quelle langue, en fait: c’est un mot inventé qui rappelle le chiffre quatre."
DE HOBBY À PROFESSION
C’est à la suite d’une classe de maître avec les membres de Cantabile – The London Quartet, un quatuor de renommée internationale, que les Trifluviens ont saisi tout le potentiel de Qwartz. "En fait, on a chanté, se souvient David Gélinas. Et grosso modo, bien humblement, ils nous ont dit: "Les gars, c’est super bon. C’est une des meilleures performances qu’on a vues jusqu’à maintenant, et ça fait plusieurs master classes que l’on donne." Donc, ça nous a donné une bonne tape dans le dos pour continuer à travailler fort." Et les chanteurs se sont tellement investis dans le projet qu’un an plus tard, soit à l’été 2009, ils participaient au gala de Mike Ward lors du Festival Juste pour rire à Montréal. Une expérience qui leur a ensuite ouvert les portes du gala best of de Grégory Charles.
Mais comment Qwartz s’est-il retrouvé sur la scène de Juste pour rire? Louis Alexandre Beauchemin s’empresse de répondre: "C’est vraiment une belle histoire. C’est David qui a tout simplement offert nos services à Salut, Bonjour. Et ils ont dit: "Oui, on veut vous avoir pendant la météo." Personnellement, c’était la première fois que je chantais à 6h15! Et ce matin-là, il y avait des gens de la boîte de Charly Pop [NLDR: un humoriste-bruiteur québécois] qui, pendant qu’ils prenaient leur café matinal, nous ont vus et ont pris contact avec nous. Au départ, c’était simplement pour le Cabaret Juste pour rire, pour un spectacle de Charly Pop and Friends. Mais grâce à un numéro qui a un peu plus marché, le metteur en scène a dit: "Je vais faire quelques appels et je vais vous mettre sur un rodage." Un rodage qui, croyait-on, serait devant 4 ou 5 personnes, mais qui était finalement devant 400 personnes! Et grâce à ça, on a pu participer à un show au Saint-Denis."
ICI, MAINTENANT
La somme de ces expériences amène donc le quatuor vocal à présenter Rendez-vous à quatre, un nouveau spectacle mis en scène par Martin Larocque, à trois reprises dans l’atmosphère de la salle Louis-Philippe-Poisson.
"Le spectacle va être particulièrement teinté de la personnalité de chacun des gars, de son vécu et de ses goûts musicaux", commente David Gélinas. Cela explique le vaste répertoire: musique de la Renaissance, refrains des années 60, chansons pop… Des pièces auxquelles les membres ajouteront toujours la sauce Qwartz. "Avec une guitare, on peut jouer plusieurs notes en même temps et faire un accord. Et quatre guitares peuvent faire quatre accords. Alors qu’une voix humaine ne peut faire qu’une note. À quatre, on doit réussir à amener le côté rythmique, mélodique et harmonique de la chanson", raconte Xavier Roy, qui tente de démystifier les épices de la sauce. "On donne l’illusion que tout est là, qu’il ne manque rien, alors qu’on est seulement quatre chanteurs avec un micro", poursuit François Pothier Bouchard.
Oui, seulement quatre gars avec un micro. Pourtant, on se bouscule aux portes pour les entendre. La représentation du 17 avril ainsi que les deux supplémentaires du 15 et du 16 avril affichent complet depuis belle lurette. Et une troisième supplémentaire s’est récemment ajoutée le 15 octobre (les billets seront en vente dès le 23 avril). Comment les interprètes de Qwartz expliquent-ils cet engouement? "J’avoue qu’on est agréablement surpris. Je pense que le mot se passe. Les gens en parlent. Les billets de la deuxième supplémentaire se sont vendus, je crois, du vendredi au lundi soir. Mais je pense qu’au départ, les gens voient qu’on aime ça faire ça et ils embarquent avec nous dans ce trip-là", conclut David Gélinas.