Helmut Fritz : Mister Hype?
Helmut Fritz revient au Québec tout sourire faire l’inventaire de ce qui l’irrite. Entretien lucide avec le poil à gratter des branchouillards.
15h. Helmut Fritz, richissime héritier allemand, se remet toujours, sous l’édredon, de sa virée nocturne. Il dépêche en loquace émissaire Éric Greff, qui le connaît bien, si vous voyez ce qu’on veut dire. "Je commence à me dévoiler un petit peu, parce qu’après un an, par respect pour le public, il est temps de dire qui est l’artiste derrière la "marionnette"."
En pestant contre les autoproclamés détenteurs du bon goût sur le méga-hit Ça m’énerve ou en décrivant la quête effrénée de magnificence par les marques de Mister Hype, réplique troisième millénaire du Bourgeois gentilhomme, l’aspirant mondain décalé sera parvenu à cerner le zeitgeist d’un certain Paris. N’est-ce pas l’ironie ultime alors que d’être invité à chanter dans les boîtes dont on dénonce la condescendance? "Ça montre le caractère cocasse de notre époque, réfléchit Greff. On est dans une société qui marche un petit peu sur la tête." Et les clubbeurs, ils sont trop ivres pour se rendre compte que vous les avez dans la mire? "Toutes les nanas en jean slim décrites dans le titre qui sautent en disant "Ouais, il se moque de nous", c’est trop bien. Ça me fait rire parce que ça veut dire que beaucoup de gens ont la culture du second degré et comprennent le message."
OK, on danse en connaissance de cause avec Fritz. Ou – précisons -, dans la plupart des cas, en témoignent ces quelques crédules, imperméables à la caricature. Le chanteur, encore traumatisé par la prégnance de sa créature: "Il y a toute une catégorie de gens très premier degré qui prend pour argent comptant les histoires de ma fausse biographie et qui me demandent: "Pourquoi tu as choisi la musique quand tu es riche?" Je m’arrête complètement effaré en me disant: "Bon, ils vont rire dans une minute", mais non, ils pensent que c’est vrai."
QUI BOIT DU CHAMPAGNE…
On dit peu que Helmut s’obstinerait peut-être toujours avec le videur à la porte des clubs si ce n’était de Laurent Konrad, producteur rencontré sur MySpace. Les habitués des planchers de danse se souviendront de C’est beau la bourgeoisie, dont il est un des créateurs et qu’on ne peut s’empêcher d’appréhender comme la première partie d’un diptyque clôt par l’album En observation. "La maquette de Ça m’énerve ne sonnait pas du tout comme ça, précise Greff. C’était vraiment un délire entre copains parce que je ne viens pas de l’électronique, mais du rock. Laurent a retravaillé le titre et y a posé sa propre patte de DJ."
Une pop-rock auquel l’artiste – sa lucidité l’honore – reviendra inéluctablement. "J’entends bien défendre Fritz le plus longtemps possible, mais je sais que sa durée de vie est fatalement limitée. La suite s’inscrira dans un retour aux sources musicales, un virage d’image et de son. Ça aura été un concept avec un début, un apogée et une fin, mais tant que c’est possible, je vivrai cette aventure à fond. Parce que la vie, il faut la vivre." Ah, la sagesse des noctambules…
Lisez un complément de cette entrevue sur le blogue de Dominic Tardif.
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