Steve Veilleux : La clé des secrets
Musique

Steve Veilleux : La clé des secrets

Steve Veilleux a pris une pause de Kaïn pour se lancer dans un projet plus personnel. Il en découle Les souvenirs ne meurent jamais, un disque solo qui lui a permis de faire la paix avec de vieux démons.

"J’ai l’impression de ne plus avoir de secrets depuis que j’ai lancé cet album. J’ai d’ailleurs la conviction que je ne pourrais pas en faire deux ou trois comme ça. Du moins, si j’en refais un, ça va prendre du temps, il va falloir que j’aie beaucoup d’autres bagages. Ça a tellement brassé de choses intérieurement ce disque-là", avoue avec aplomb Steve Veilleux, attablé devant un grand café.

Sur Les souvenirs ne meurent jamais, le leader de Kaïn aborde en effet des sujets très personnels: l’éclatement de sa famille alors qu’il était encore jeune, un amour passé auquel il souhaite beaucoup de bonheur, sa difficulté à dire non de peur de décevoir… "Je l’ai fait pour moi. Je n’aurais pas pu écrire dans cette direction-là avec Kaïn, qui a un mandat rassembleur et festif. Je n’aime pas les demi-mesures non plus. Quand j’ai commencé le processus de me mettre les tripes sur la table, j’ai voulu aller au fond de cette idée-là, même si ça faisait mal par bouts. Parce que, oui, j’ai eu mal en écrivant cet album. Il m’a obligé à fouiller et à faire la paix avec un paquet d’épreuves et de souvenirs qui ont fait le gars que je suis. Mais après cette espèce de traversée du désert, il reste un côté très apaisant à l’album."

UN TRAVAIL D’ÉQUIPE

Pour la réalisation de ce disque, Steve Veilleux a par ailleurs demandé les services d’Éric Goulet, alias Monsieur Mono, qui, semble-t-il, l’a littéralement sorti de sa zone de confort. "Il m’a poussé dans le vide complètement. Le pourquoi que je voulais travailler avec Éric, c’est qu’il a une tout autre vision musicale. Il m’a fait voir l’écriture d’une chanson d’une autre façon. Ça m’a permis de me lancer dans de nouveaux arrangements, dans de nouvelles textures, d’aborder les textes beaucoup plus intimement. Ça m’a fait du bien d’être désorienté. J’ai pu éviter de tomber dans le piège de la répétition." Le musicien prend une gorgée de son nectar matinal, puis il poursuit: "Éric m’a souvent fait dire les vraies choses, au lieu de commencer avec des lignes avec des images ou des métaphores. On sautait dans le vif du sujet. C’est donc un album très simple, très vulnérable. Il n’y a pas d’artifices inutiles."

Au fait, cette aventure solo était-elle prévue depuis longtemps? "Depuis environ deux ans. Ça a commencé à germer à partir d’une chanson que j’ai écrite pendant une tournée et qui s’appelle S’inventer des histoires. Tu sais, on s’essouffle dans cette vie qui n’est pas nécessairement la vraie vie. Ça m’a tellement fait du bien d’écrire cette chanson qu’elle a pavé un peu la voie aux autres. À partir de ce moment-là, ça a été bien ouvert dans Kaïn et dans mon entourage que j’avais besoin d’aller ailleurs. Ça fait qu’il n’y a pas eu de surprise ou de malaise à l’intérieur de Kaïn", raconte Veilleux.

Si son coeur balance surtout du côté de l’album Les souvenirs ne meurent jamais par les temps qui courent, le chanteur confirme qu’il n’a pas l’intention de quitter Kaïn. Il devrait d’ailleurs prendre la route des festivals avec le band cet été. "Juste penser à écrire une chanson après avoir fait tout ça, c’est assez inconcevable pour moi. C’est certain que le prochain album après celui-là va être un album de Kaïn. Mais quand? Je n’en ai aucune idée. Je veux que cet album-là vive. Je veux juste aller au bout de ce projet-là."

Steve Veilleux
Les souvenirs ne meurent jamais
(Disques Passeport/DEP)

À écouter si vous aimez
Vincent Vallières, Kaïn