Timber Timbre : Après les pleurs
Timber Timbre en a séduit plusieurs avec la sortie d’un disque captivant l’année dernière. Un exercice rédempteur qui a porté fruit.
Taylor Kirk nous met en garde. Après quelques entrevues, il a constaté que son alter ego musical Timber Timbre a pris le dessus sur la réalité. Après trois albums en quatre ans – dont le dernier, éponyme, qui est sorti sur Arts & Crafts l’année dernière -, l’aura de ce personnage à la voix mystérieuse a pris de l’ampleur.
"Parfois, je constate que certaines personnes sont déçues et même désappointées après s’être entretenues avec moi. Je crois qu’elles s’imaginent rencontrer un personnage sombre et déchiré. Quelqu’un qui a une profondeur d’esprit particulière. Je suis loin d’être ce personnage. Je ne suis pas rongé par la tristesse. Disons que je suis plus léger que ça dans la vie."
Peut-être que le travail du cinéaste Scott Cudmore a joué un rôle dans l’édification de ce personnage que l’on qualifie parfois de gothique. Les vidéos qui accompagnent Demon Host et We’ll Find Out, par exemple, ne font qu’amplifier ce caractère mystique. Même chose pour cet être anonyme qu’on y retrouve, tout drapé de noir et qui représente la mort. Il faut dire que le répertoire de Timber Timbre est presque cinématographique. Ses histoires sont bien ficelées et l’interprétation nous interpelle sans détour. Teintée par le folk et le blues, son oeuvre semble intemporelle et contient une tension dramatique. "Scott est avec moi depuis mes débuts. Il a dû faire quatre vidéos depuis. Sa compréhension de ma musique est juste et je lui fais entièrement confiance. Il a l’oeil, ça ne fait pas de doute. Qui plus est, son travail ajoute une valeur esthétique particulière à ces chansons. Et ma voix… C’est maintenant plus un instrument qu’une simple extension de moi-même."
Son troisième disque semble avoir été écrit avec un sentiment de résilience, comme si la rédemption était devenue la seule issue possible vers une paix intérieure qui s’était trop fait attendre. Des textes inspirés par une épreuve personnelle, alors qu’un de ses proches était condamné par la maladie. "Mais je suis à mille lieues de résoudre les grandes questions existentielles. Je ne suis pas un philosophe et je n’ai pas été touché par un éclair de clairvoyance non plus. J’expose tout simplement des histoires, des constats. Il y a une forme de rituel qui est bénéfique dans tout ça. C’est vrai qu’il subsiste une tension dramatique dans ces chansons. D’une certaine manière, ces histoires, elles se résolvent en elles-mêmes."
Maintenant bien soutenu par la maison de disques Arts & Crafts, Timber Timbre poursuit sur sa lancée et gagne de nouveaux adeptes. Pour l’auteur-compositeur-interprète, c’est aussi le moment de cultiver de nouvelles passions. "Je garde un oeil sur certains classiques: William Faulkner et Robert Frost, par exemple. Ces auteurs ont su décrire à merveille les régions sauvages des États-Unis, des paysages infinis. Il y a quelque chose de noir et de mystérieux dans ces oeuvres qui m’attire beaucoup. C’est presque mystique. Je suis loin d’être un grand auteur. J’ai encore beaucoup de travail à faire."
À écouter si vous aimez /
Tindersticks, Bon Iver, Tom Waits
ENCORE PLUS HAUT QUE LE PARADIS
Lors de sa dernière visite à l’Impérial de Québec, Patrick Watson montait sur la scène pour nous présenter Wooden Arms, qui venait tout juste de paraître. Fébriles, les musiciens Robbie Kuster (batterie), Mishka Stein (basse) et Simon Angell (guitare), ainsi que Watson (voix et piano), défendaient pour la toute première fois cette troisième parution expansive et aventureuse devant salle comble. Moins accessible que Close to Paradise, la production a tout de même séduit et récolté son lot de critiques élogieuses (hormis celle publiée par Pitchfork…). Même l’ADISQ a récompensé la formation en lui remettant le Félix de l’album anglophone de l’année lors de son dernier gala. Après l’Europe au mois de mars dernier, la formation entame sa tournée nord-américaine.