Auguste : Et moi, et moi, et moi
Musique

Auguste : Et moi, et moi, et moi

Auguste naît des cendres du groupe August and Me. Exit l’anglais et place à d’accrocheuses compositions en français, parfois orchestrales, toujours émouvantes.

Avant de vous faire découvrir Auguste, nouvelle formation "pop adulte" francophone qui s’apprête à lancer un premier EP éponyme, relatons la petite histoire du disparu, August and Me.

BAND IMAGINAIRE

La cohabitation entre Sébatien Pomerleau et ce projet musical remonte à son adolescence. "Dans ma tête d’ado, j’avais un band, se rappelle le jeune trentenaire. C’était très naïf, rêveur. Déjà, j’avais décidé que ça s’appellerait August and Me." La différence entre un band et un ami imaginaire? Le premier nécessite l’écriture de chansons. "Je n’ai pas un parcours de musicien typique. En partant, je me suis acheté une guitare parce que je voulais faire mes chansons… et un 4-track à cassettes pour enregistrer mes trucs."

Sans trop que l’artiste y réfléchisse, l’anglais s’impose comme langage chanté. Mettons ça sur le dos des influences musicales (The Cure en tête de liste). "Je me cachais derrière un personnage, explique-t-il. En anglais, ce n’était pas vraiment ma voix, mais je pouvais aborder des sujets de manière un peu plus floue."

L’utopie adolescente n’est plus lorsque le guitariste Jean-François Lacasse se joint à August and Me. Une rencontre avec un batteur de Trois-Rivières démarre véritablement le projet en 1999, auquel se greffe un bassiste. "Au début, c’était plus folk, plus acoustique. La basse électrique a apporté une dimension plus rock. C’est ensuite devenu plus pop, plus radiophonique." Cette tangente n’était pas celle qu’envisageait nécessairement Sébastien. "J’ai toujours eu l’idée de mettre l’émotion à l’avant-plan; c’est la chanson avant la forme musicale. C’est donc par la force des choses que ça a évolué de la sorte."

Pendant cinq ans, la formation emprunte la voie des concours, mais le glas sonne en 2004. "Comme dans tous les groupes, il y a eu de la chicane. (Rires.)" Or, cette première mort fut de courte durée. "Je n’avais pas la force de repartir un autre band. Moi et JF, on était donc de retour en duo, mais avec toutes ces chansons, cette expérience."

C’est ainsi que débuta l’"ère des machines" pour August and Me. "J’avais vu Joseph Arthur en solo. Ça m’avait jeté par terre. Les machines pouvaient vraiment apporter quelque chose d’intéressant au folk. Je me suis lancé là-dedans." Rapidement, Sébastien Pomerleau se trouva de nouveau à côté de ses pompes. "Encore une fois, on perdait l’essentiel. J’ai alors décidé de mettre le projet sur la glace." Fin du chapitre.

MÉLODIES DU COEUR

Nouveau chapitre. Avec Annie Saint-Arnaud (piano et voix) de Trois-Rivières, Pierre-Antoine Jacques (batterie) et Olivier Pomerleau (contrebasse), Sébastien Pomerleau et Jean-François Lacasse forment désormais Auguste. Alors que la très grande majorité des groupes de notre scène locale pousse la chansonnette en anglais, le changement de cap langagier du projet de Sébastien Pomerleau intrigue… et rassure. "Je ne suis pas anglophone. J’étais devenu mal à l’aise d’utiliser cette langue pour faire ce que j’aime le plus au monde. Je me sentais comme un écolo qui se promène en VUS 4×4. En français, c’est épeurant, mais stimulant à la fois."

Nécessairement, il a fallu mettre tout le répertoire d’August and Me à la corbeille. En fait, une seule composition fut épargnée: la chanson Mary fut traduite. D’ailleurs, le prénom est prononcé à l’anglaise sur ce titre qui se retrouve au début du EP à venir. "Ça sonnait mieux. C’est un nom propre et je ne voyais pas l’intérêt de le changer." Un chanté très musical caractérise Auguste; le son en impose au choix des mots. "Quand je compose, la musique arrive tout le temps en premier."

Sur le EP, deux titres sont arrangés avec une envergure rare, considérant qu’il s’agit d’une production indépendante: la luxuriante Mary, qui porte sur la perte de la foi, et En attendant la pluie, dont le thème est l’attente. Les chansons Morceaux de coeur et 3 jours en hiver sont quant à elles réalisées de manière plus dépouillée. "C’était voulu. J’ai tout le temps baigné dans la technique, mais j’ai également la volonté de garder ça simple. Je suis pris avec ça; je suis bien dans les deux."

Le "potentiel radio" est immense pour Auguste. "Je pense bien, confirme Sébastien. Je compose à partir de hooks, de mélodies." Toutefois, pas question pour lui et ses acolytes de devenir la saveur du mois. "Dans les concours, on se faisait complimenter, mais on nous disait qu’on ne rentrait pas dans la "petite case", qu’il fallait miser sur le long terme." Normal. Auguste vise le coeur.

Auguste
Auguste
(Indépendant)
Sortie le 6 mai

À écouter si vous aimez /
Keane, Damien Rice, Alexandre Désilets

ooo

À L’ÈRE DU WEB

Caméraman de métier, Sébastien Pomerleau a conçu de jolis outils promotionnels pour la sortie prochaine du EP. "C’est fini le temps où on envoyait un démo à un major pour se faire signer", précise-t-il, résigné. Ainsi, pour attirer l’attention, de petits teasers des chansons d’Auguste seront diffusés sur la Toile; deux s’y retrouvent déjà. "La vidéo est devenue intéressante sur le Web. Ça nous a permis de créer quelque chose d’un peu plus… magique."

À découvrir au www.myspace.com/augustemusique.