Caribou : Organisme génétiquement musical
Musique

Caribou : Organisme génétiquement musical

Ce n’est pas surprenant de voir qu’une recherche sur Internet à propos de Dan Snaith et son projet Caribou nous en apprend plus sur le braconnage que sur sa musique inclassable. Bienvenue dans un monde où les associations fortuites sont la norme.

Tout comme ses collègues ontariens des Junior Boys et de Koushik, Caribou propose des compositions électroniques audacieuses auxquelles il est quasi impossible d’accoler quelques termes musicaux aux multiples traits d’union que ce soit. Or, malgré leur processus de création chirurgical, les pièces de Dan Snaith n’ont rien de froid ou d’élitiste: l’artiste a mis la main sur l’important prix Polaris en 2008 pour son disque Andorra, une oeuvre capable de séduire même les journalistes allergiques à la musique électro. Qui plus est, Andorra était le premier album où Snaith osait chanter sur ses chansons.

"Depuis la parution d’Andorra, nous avons donné 200 concerts où je devais chanter, le soir, en plus de me servir de ma voix lors de séances d’enregistrement le jour, explique le musicien. Forcément, je suis devenu plus à l’aise et plus confiant avec mes cordes vocales. Je dirais que mon nouveau disque (Swim, lancé il y a quelques jours à peine) est le premier avec ma vraie voix. Sur Andorra, elle était trafiquée. Les pistes de voix s’empilaient les unes sur les autres, tandis que sur celui-ci, plusieurs chansons ne comptent que sur une seule piste de voix sans aucun effet. À cet égard, et pour quelques autres raisons également, Swim est mon disque le plus personnel."

La musique de Caribou paraît aussi cérébrale que son concepteur (un Canadien déménagé à Londres et fort absorbé par sa vie artistique). Elle se compose de cellules post-industrielles, électroniques et rock fusionnées avec soin pour reproduire un nouvel organisme étrange. Si les précédents Andorra (2007) et The Milk of Human Kindness (2005) étaient la manifestation artistique de zones encore inconnues du cerveau humain, à preuve les pochettes des disques, les vidéoclips psychédéliques et cette attention portée à la qualité sonique des productions, Swim semble plutôt construit à partir d’un océan de tricheries musicales juxtaposées pour donner un tout organique. À travers l’esthétique magistrale des chansons brille Snaith dans sa forme la plus crue.

"Pour la première fois, les paroles de mes pièces parlent de moi ou de gens de mon entourage. Andorra contenait des histoires d’amour fictives ou de simples anecdotes. Le problème avec ce disque, c’est que je l’ai rendu trop facilement identifiable pour l’auditeur qui se dit: "Oh, facile, ce type est fasciné par la pop de chambre des années 60." Mais je ne veux pas être vu comme "le gars qui trippe sur les années 60 et qui cherche à recréer une certaine nostalgie", ce n’est pas moi. Ainsi, je voulais reproduire la même qualité de composition et d’arrangements tout en rapprochant Swim le plus près de ma personnalité. Les sons proviennent de partout, sauf d’un courant musical en particulier. Il prend racine dans ma propre créativité."

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