Francis d'Octobre : Seul, ensemble
Musique

Francis d’Octobre : Seul, ensemble

Francis d’Octobre a apprivoisé sa bête intérieure pour en faire de la poésie. Fort mais fragile, l’artiste solitaire a pris soin de bien s’entourer.

Il a sorti son premier album au mois de janvier et s’apprête maintenant à monter sur les planches montréalaises. Francis d’Octobre avait bien hâte de réaliser ce chapitre. Avec Ma bête fragile, il signe un premier corpus de chansons intimistes dans une formule pop soigneusement ficelée, parfois atmosphérique, qui pourrait rejoindre les univers éthérés d’Alexandre Désilets ou Dumas. Maintenant en tournée, le musicien s’amuse à transposer ce répertoire dans un spectre sonore rock assumé.

L’étiquette réductrice de "romantique" pourrait irriter le jeune auteur-compositeur-interprète, qui porte un regard introverti sur la vie – les relations amoureuses surtout – avec une poésie évocatrice. "Dans l’écriture, on ne fait pas toujours dans la fiction, lance-t-il. On témoigne de ce qu’on ressent. Après, c’est aux gens d’en penser ce qu’ils veulent, de se l’approprier. Dès que tu t’attardes aux rapports homme-femme, les thèmes se multiplient. La chanson Le Présent parle de ces instants que nous devrions savourer alors que nous avons la tête ailleurs, éternellement en quête. Âme soeur, c’est ce sentiment qui nous hante et qui nous fait croire qu’il existe une personne idéale quelque part. C’est la providence, la destinée. La solitude est un sentiment très fort aussi. Petite Prière de chevet porte là-dessus. On est constamment entouré, mais aussi envahi par notre univers personnel. Au fond, on se rend bien compte que seul, on ne vaut pas grand-chose. Je suis conscient que j’aborde des sentiments universels; ce qui m’importe, c’est d’y porter plusieurs regards et d’être transparent."

Après Granby en 2007, c’est en 2009 que Francis Roberge donne naissance à Francis d’Octobre pour sa participation aux Francouvertes. Deux concours qui ont forgé le caractère du musicien et lui ont donné une visibilité providentielle. "Il s’en dit des choses sur les concours: les plogues, le choix des lauréats, et blablabla… Mais c’est très formateur. C’est le genre d’exercice qui te prépare pour la suite. Quand tu gagnes, j’ai l’impression qu’il y a une forme d’attente artificielle qui se forme. Il faut que tu sortes un album génial dans les 12 prochains mois, tu sens l’urgence. Si tu ne gagnes pas, alors tu profites quand même d’une visibilité quand tu es finaliste. C’est peut-être mieux ainsi. Aux Francouvertes, j’étais déjà en train d’enregistrer l’album. Tout de suite après, j’ai signé avec Tacca. Pour moi, ça a été une grosse année."

En compagnie de Pierre Chamberland (guitares), Jean-François De Bellefeuille (claviers), Joseph Perreault (batterie), Audrey-Michèle Simard (voix), Jean-Nicolas Trottier (trombone) et David Carbonneau (trompette), l’artiste jouit maintenant d’une belle "famille" qu’il compte bien trimballer avec lui le plus longtemps possible. Pour la suite des choses, il laisse les grands scénarios dans les mains d’une industrie qu’il regarde avec un oeil averti. "S’il fallait s’attarder constamment au sort qui est réservé à la culture francophone, on n’aurait pas fini d’être découragé. Ce que je fais, je le ferais envers et contre tous. Le reste, on ne contrôle pas ça. Il y aura encore beaucoup d’artistes qui ne seront jamais prophètes chez eux."

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Dumas, Alpha Rococo, Yann Perreau