Jordi Savall : Tous les espoirs du monde
Musique

Jordi Savall : Tous les espoirs du monde

Figure de proue des musiques anciennes à l’échelle internationale, le gambiste Jordi Savall revient à Montréal dans une croisade pour la paix à Jérusalem. Vaste programme.

Révélé au grand public par la sortie du film Tous les matins du monde, d’Alain Corneau, en 1991 (le film remportait sept César, dont celui de la meilleure musique), Jordi Savall n’a cessé depuis d’étendre ses activités. Chaque année, il donne en moyenne 140 concerts et publie 6 enregistrements sous sa propre étiquette (Alia Vox), dont un sous forme de luxueux livre-disque. Il remportait d’ailleurs au MIDEM en janvier dernier le prix du meilleur album classique pour le livre-disque Jérusalem – La Ville des deux paix: la paix céleste et la paix terrestre.

Sur son étonnante productivité, Jordi Savall, explique: "Il y a trois aspects fondamentaux: j’ai la liberté de faire ce que j’aime, je le fais avec des gens que j’aime et, vraiment, ce n’est pas le mot travailler qui me vient en tête à propos de mes diverses activités!" La recherche occupe une place importante dans ces activités parce que, dans bien des cas, il faut arriver à imaginer la musique qui pourrait être faite avec, par exemple… les trompettes de Jéricho! "Nous interprétons dans Jérusalem des musiques de tradition orale très ancienne, des musiques religieuses juives ou arabes, ou extraites de manuscrits chrétiens des premiers siècles, et cela donne un mélange très intéressant de manières différentes de célébrer la croyance."

Étymologiquement, et peut-être ironiquement, le nom de Jérusalem signifie "la ville des deux paix"… "C’est la grande contradiction, commente Jordi Savall; c’est peut-être la ville qui a été détruite le plus souvent dans l’histoire. Bien sûr, tant qu’il y aura des gens qui souffrent, qui sont jetés hors de leur maison, il n’y aura pas la paix… Alors je crois qu’il faut faire le nécessaire pour y arriver."

Jordi Savall et sa partenaire de toujours, la chanteuse Montserrat Figueras, ont été invités à signer le livre d’or de Montréal à titre d’Artistes de l’UNESCO pour la paix à l’occasion de leur passage chez nous. "Même si nous le faisons à une très petite échelle, au sein de notre ensemble par exemple, nous montrons que cette paix est possible entre gens de cultures différentes. Je suis convaincu que si c’est possible à une petite échelle, ce doit aussi être possible à une échelle plus grande. J’appelle aussi ce projet "le pouvoir de la musique", une musique qui peut détruire des murs, comme à Jéricho; c’est aussi le pouvoir du chant de Shlomo Katz, ce condamné à mort qui, à Auschwitz en 1941, a tellement ému son bourreau que celui-ci lui a permis de s’évader! Nous entendrons un enregistrement historique de Shlomo Katz durant le concert."

Avec ses musiciens de l’ensemble Hespèrion XXI, La Capella Reial de Catalunya et l’ensemble soufi Al Darweesh, Jordi Savall nous présente sa croisade pour la paix en première nord-américaine.