Paul Cargnello : Acquis de droits
L’auteur-compositeur montréalais Paul Cargnello aime rappeler aux gens qu’il n’y a pas de sot métier. Les acquis sociaux de la classe ouvrière en tête, il se prépare à fêter.
Depuis toujours, l’auteur-compositeur montréalais Paul Cargnello croit dur comme fer en l’implication sociale de tous. Il a, au fil des années, obstinément poussé son entourage à prendre part à des manifestations de tout genre, à s’impliquer au sein même de partis politiques. Ses convictions étant au coeur de sa vie depuis qu’il est ado, il n’est pas surprenant de le voir débarquer à Gatineau, à quelques mètres du parlement canadien, pour présenter son concert-célébration dans le cadre de la Journée internationale des travailleurs. "Être sur les limites du Québec et de l’Ontario est très symbolique, un peu comme ma carrière qui se berce entre l’anglais et le français. Aussi, avoir un événement à caractère si politisé tout près de la colline du Parlement va probablement favoriser un impact encore plus important qu’à Montréal", lance-t-il, d’emblée. Cette fête, instiguée par le gouvernement français il y a plus d’un siècle, a chaque année des répercussions importantes à travers le monde. Au Canada, toutefois, elle est souvent passée sous silence. Une honte, d’après Cargnello. "C’est dommage qu’il n’y ait pas de tradition à propos de cette fête ici. C’est un ami français qui m’a parlé de la Journée et de son importance, et depuis, je fais un spectacle le 1er mai. Mes valeurs deviennent plus fortes d’année en année et maintenant que j’ai une famille [sa femme Jessie a donné naissance l’an dernier à leur premier fils, Declan], il est encore plus primordial pour moi de lutter contre la pauvreté et les injustices sociales", affirme le francophile gauchiste en mentionnant au passage d’autres auteurs-compositeurs au discours incitatif comme Billy Bragg et Bruce Springsteen, qui obtiennent beaucoup de succès malgré tout.
Avec son récent album, Bras coupé, Cargnello poursuit de plus belle sa quête d’un rhythm & blues engagé aux influences tant bigarrées qu’uniques, voyage qu’il a entrepris en 2007 avec sa première parution francophone, Brûler le jour. Une rose noire, chanson issue de cet opus, s’est révélée comme une bombe radio et s’est rapidement logée dans les palmarès. "C’est drôle que cette pièce ait connu un succès, parce que la chanson a une symbolique très engagée par rapport au mouvement anarchiste et nationaliste auquel appartenait la communauté noire soumise à l’esclavage en Jamaïque et dans les Caraïbes", précise Cargnello à propos de son hit, qui lui a permis de jouir d’une visibilité inédite. Le succès ne lui permet toutefois pas d’envisager une carrière politique, l’absence d’intégrité des principaux acteurs étant l’argument central pour balayer la question du revers de la main. "C’est drôle, mais j’ai eu plein de demandes, surtout du NPD. Mais je crois que ma voix résonne plus loin par ma musique. Dans mes textes, je n’ai pas de censure, tandis qu’en politique, on te dit quoi dire. C’est d’abord et avant tout stratégique et je ne me permets pas de l’être dans mes valeurs", soutient avec conviction Cargnello, qui ajoute être souvent très découragé. "Je pense que le Canada vit présentement une période très, très sombre. Avec des gens comme Stephen Harper et Jean Charest à la tête, we’re fucked."
À écouter si vous aimez / Billy Bragg, The Clash, Manu Chao