Ted Neeley : Jésus, le rockeur
Ted Neeley a fait de Jésus un alter ego. Comment faire autrement après plus de 40 années passées sur scène dans les traits du célèbre personnage?
Ted Neeley n’en démord pas. Il nous rappelle qu’il est avant tout un rockeur qui joue de la batterie et qui peut chanter de très hautes notes. Dans ses propres termes: un "screamer". Voilà comment il nous résume sa carrière, une succession de circonstances qui l’ont amené à personnifier sur scène l’un des personnages les plus connus de l’histoire de l’humanité: Jésus-Christ.
Tout a débuté avec la comédie musicale Hair en 1968. Après y avoir participé, le chanteur est remarqué par Tim Rice (parolier) et Andrew Lloyd Webber (compositeur), qui viennent tout juste de terminer l’opéra rock Jesus Christ Superstar. Neeley obtient le rôle après que le tandem eut effectué un premier essai, en studio, avec le chanteur de Deep Purple, Ian Gillian. L’adaptation cinématographique de la pièce, réalisée par Norman Jewison (The Thomas Crown Affair) en 1973, a fait du chanteur une "superstar" et, plus de quatre décennies plus tard, il incarne avec autant d’enthousiasme le célèbre prophète.
"C’est intéressant de constater à quel point cette production est capable de vivre d’elle-même. Bien entendu, il y a de nouveaux chanteurs, et chaque metteur en scène qui se greffe à la production (Dallett Norris aujourd’hui) nous amène sa vision. Mais, au-delà de tous ces facteurs, je me rends compte que rien n’a changé. Une bonne histoire et de bonnes chansons, voilà la recette de ce succès."
L’opéra rock a aussi connu son lot de controverses à sa création. En 1971, à New York, Ted Neeley se rappelle avoir dû se battre pour pénétrer à l’intérieur du théâtre. Les manifestations se multipliaient. Lorsqu’on touche à la religion, les passions de déchaînent. "Ces gens nous bloquaient l’entrée! Moi, je leur demandais: "Avez-vous vu le spectacle?" Bien sûr, la réponse était non. Alors j’en invitais quelques-uns, chaque soir, à mes frais. Ensuite, je leur demandais de venir me dire ce qui les choquait tant. Pas une seule de ces personnes ne s’est plainte de nouveau. Tous ont adoré et passé le mot. Je pense que ces mouvements de protestation ont contribué au succès de Jesus Christ Superstar."
À l’époque, Rice et Webber décident d’aborder la dimension humaine de la vie de Jésus. Bien sûr, la production s’inscrit aussi dans la contre-culture et la lutte contre la guerre au Viêt Nam. "Lorsque j’ai collaboré à titre d’interprète à la création de Hair, à la fin des années 60, nous étions tous motivés par ce désir de paix. Hair est resté trois ans à l’affiche! Sans ce succès – lui aussi très controversé -, je ne pense pas qu’une production comme Jesus Christ Superstar aurait pu faire son chemin. Hair a pavé la voie."
Et qu’en est-il du fameux tandem Rice-Webber? "À l’époque, ils étaient comme deux jeunes garçons qui attendent la fête de Noël. Deux jeunes créateurs, à la conquête de New York!" On connaît la suite.
À voir si vous aimez /
Hair, Cats, Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat