Greenwood : Les liens du sang
Greenwood, c’est le projet musical de deux frères qui ont grandi dans le blues et qui, aujourd’hui, se mettent au défi lorsque chacun enfile sa six cordes. Première offrande du groupe: Green Money.
Si on connaît les frasques des Gallagher du groupe Oasis ou la triste épopée des Wilson des Beach Boys, il est normal de penser que des frères au sein d’une même formation, c’est synonyme de scandales. Or, chez Greenwood, groupe blues-rock sherbrookois mené par les frères Joé et Kim Boisvert, il n’y aurait aucune rivalité malsaine issue des liens du sang. Investiguons pour s’en convaincre.
"S’il y a quelque chose qui se rapproche de la compétition, c’est que le gars à côté de moi, c’est mon frère, et quand il fait une lick qui me jette sur le cul, je veux l’accoter", avoue tout de même Kim, le cadet. Pour les non-initiés des solos de guitare improvisés (principal moteur des compositions de Greenwood), une lick, c’est une passe qui fait effet, une suite de notes qui rentre au poste. À ce sujet, bien futé celui qui voudrait accorder le titre de guitariste no 1 du groupe à Joé ou à Kim. "Comparer des guitaristes, c’est comme comparer des pommes et des oranges. Kim et moi, c’est un peu ça. On ne joue pas de la même façon. On se complète. Je suis juste fier d’avoir un frère qui joue de même", explique Joé. Pas de chicane à l’horizon.
Joé et Kim ne se disent les émules d’aucun guitariste, mais ils sont très à l’aise de discuter de leurs influences. "J’ai toujours été inspiré par Steve Hill, mais je n’ai pas l’impression de sonner comme lui, admet Joé. Je n’essaie pas de l’imiter parce qu’anyway, je ne suis pas capable de faire exactement la même chose." Pour Kim, l’inspiration lui vient entre autres de Philip Sayce. "Ce gars-là, il me pousse à continuer de pratiquer."
VERT DE BLUES
Les deux frères composent les assises des pièces de Greenwood, mais le tout se finalise à quatre, avec Sébastien H.B. à la basse et Luc Jr. Bélisle à la batterie. "Ça devient de plus en plus un projet à quatre", évalue Kim.
Leur premier arrivage de chansons prend la forme d’un disque intitulé Green Money; par sa pochette à l’allure psychédélique, Greenwood témoigne de son penchant pour le blues-rock des années 70. Pour ce groupe qui prend tout son sens sur scène, le défi était de taille. "C’est sûr qu’on voulait l’énergie du live sur le disque, confirme Joé. On a travaillé pour que ce soit le son de nos amplis, comme on l’entend sur le stage."
Content du résultat, Joé pense déjà à la prochaine étape, soit de se faire connaître davantage sur la planète blues. "On sait que notre nom est connu par le milieu au Québec, mais là, avec Kim Richardson qui chante quatre chansons sur l’album, ça va nous aider à nous faire accepter par cette clique-là", souhaite Joé. Son frère ajoute ceci: "Si on ne se fait pas accepter ici, par les festivals, on va entrer par la porte d’en arrière."
Avec de nombreuses dates de concerts en Angleterre pour l’été 2010, la porte d’en arrière pourrait être plus grande que prévu. "On est censés partir là-bas trois semaines." Le point culminant de ce british tour: le Rock and Roll Benefit Royalty Show. "C’est pour une oeuvre de charité, en lien avec le prince Harry", lance Kim, emballé. Son aîné le ramène un peu à l’ordre: "C’est fou. On a plein de dates comme ça, qui sont "bookées", qui ont vraiment l’air cool et on a les contrats en mains, mais c’est quand on va faire les shows qu’on va y croire." Ça doit être la sagesse de l’aînesse.
Greenwood
Green Money
(Sforzando Records)
À écouter si vous aimez /
Steve Hill, Stevie Ray Vaughan, Philip Sayce