P.I.L. : La face de P.I.L.
Musique

P.I.L. : La face de P.I.L.

John "Rotten" Lydon a redémarré son Public Image Ltd. à ses frais et comme il l’entendait. Rencontre avec une icône toujours fidèle à son image publique.

John Lydon… L’homme est plus grand que nature. En un seul disque – Never Mind The Bollocks – avec son groupe The Sex Pistols, alors qu’il se faisait appeler Johnny Rotten, il a écrit le plus gros chapitre du punk et, du coup, a révolutionné l’histoire du rock. Puis, en 1978, alors que le combo sombrait, victime de sa réputation sulfureuse et triste parodie de lui-même, Rotten abandonnait le surnom de pourri et retrouvait Lydon avec un nouveau véhicule nommé Public Image Ltd. Cette fois-ci, John Lydon prouvait qu’il était bien plus qu’un guignol seulement capable de scandaliser les bons sujets de Sa Majesté la reine.

Mais l’âge d’or de P.I.L., cette période en compagnie du bassiste Jah Wobble, du guitariste Keith Levene, et du batteur Martin Atkins un peu plus tard, fut de courte durée. De ces quelques années fructueuses sont nés les albums First Issue (1978, sans Atkins) et le mythique Metal Box (1979), rebaptisé ensuite Second Edition, double galette qui allait jeter les bases du post-punk et devenir le disque fétiche de tous les artisans de la récente vague disco-punk. Après le départ de Jah Wobble en 1980, P.I.L. déstabilisa tout le monde avec l’inclassable Flowers of Romance, un disque aride et presque uniquement composé de percussions.

Après la défection de Levene en 1983 puis de Atkins en 1985, Lydon a totalement pris le contrôle du groupe; le son a changé, la formation est devenue moins avant-gardiste, perdant du coup la majorité des fans de la première heure. This Is What You Want… This Is What You Get (1984), Album (1986), Happy? (1987), 9 (1989) et That Was Is Not (1992) ont suivi jusqu’à ce que Lydon mette en 1993 un terme au groupe et reparte avec les Sex Pistols. Aujourd’hui, en reformant P.I.L., le chanteur mène ses deux entités de front: Lydon d’un côté, Rotten de l’autre. "Je ne vois pas de raisons pour arrêter les Pistols. C’est un autre aspect de ma vie qui est tout aussi valide", précise le chanteur de sa chambre d’hôtel à Seattle. "C’est mon héritage et c’est ce qui m’a permis de me lancer sur cette route vers la rédemption. Je serai toujours reconnaissant envers ces gars-là. Les Sex Pistols, comme P.I.L., sont éternels."

P.I.L. 2010

Plusieurs se sont demandé pourquoi John Lydon a choisi de reformer P.I.L. avec le guitariste Lu Edmonds (Damned, Mekons…) et le batteur Bruce Smith (Pop Group), deux musiciens qui ont fait partie de la formation entre 1986 et 1992, plutôt que Jah Wobble, Keith Levene et Martin Atkins. À ce sujet, John Lydon a bien entendu une réponse toute prête: "Les personnes qui représentent P.I.L. sur scène aujourd’hui sont des personnes qui s’apprécient et savent travailler ensemble. Il n’y a pas d’animosité. Donc, en remodelant le groupe, j’ai immédiatement pensé à Lu Edmonds et à Bruce Smith. Pour ce qui est du bassiste, Scott Firth, c’est par le biais de notre directeur de tournée que nous l’avons trouvé. Quand j’ai su qu’il avait joué avec Stevie Winwood et surtout les Spice Girls, j’ai tout de suite été intéressé. Pas de snobisme ici. Pour valoir quelque chose, il faut être au-dessus de la mode et des tendances… Mais nous voilà sur la route à faire cette tournée", poursuit John Lydon, beaucoup plus volubile, blagueur et sympathique qu’on ne l’aurait cru. "Pour y arriver de façon indépendante, j’ai dû investir toutes mes économies. C’est marche ou crève avec moi, car les actes valent plus que les paroles. Il n’y a pas un seul centime provenant d’une maison de disques dans ce projet. Je le dis franchement, l’adversité ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais, j’arrive toujours à la transformer en quelque chose de délicieusement sucré, rigole le chanteur. Les compagnies de disques manipulent les artistes et les auditeurs. P.I.L. a toujours été capable de les en empêcher. Maintenant, l’empire du disque s’écroule… N’est-ce pas merveilleux! J’espère que j’en suis grandement responsable!"

On ne pouvait avoir John Lydon/Johnny Rotten au bout du fil sans lui demander de nous faire part de ses sentiments sur le récent décès de l’ex-gérant et créateur des Sex Pistols, le controversé Malcolm McLaren, un personnage avec qui John Lydon a souvent eu de nombreux démêlés et qu’il ne portait pas dans son coeur. "Je ne savais pas du tout qu’il était malade, donc ce fut une réelle surprise, vraiment, répond sans hésitation le chanteur. Je parle avec mon coeur, il n’y a donc pas d’animosité de ma part, d’aucune façon. Je ne souhaite pas la mort des gens. Maintenant, essayons de faire un grrros effort pour se souvenir des bonnes choses vécues avec lui (rires). Je vais devoir vraiment faire un trrrès gros effort! Tu vois, par-dessus tout, les gens doivent savoir que John Lydon est un être humain et qu’il souffre des mêmes problèmes que n’importe quelle autre personne. J’ai été foutu dehors du jardin d’Éden et maintenant je veux y être réadmis!"

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