Marie-Josée Simard : Classique improvisé
Pour Ode à la beauté du monde, concert de clôture de la saison 2009-2010, l’OSTR recevra entre autres la percussionniste Marie-Josée Simard. Elle interprétera la toute première oeuvre symphonique de François Bourassa: Trois Jazettes concertantes.
"Ça faisait presque une décennie que je n’avais pas refait une création avec un compositeur pour une pièce pour grand orchestre et vibraphone. Il y a 10 ans, mes enfants étaient plus petits. Et quand on décide de faire des créations avec de grands orchestres, on se lance dans de gros projets: il y a les demandes de subventions, il faut trouver le chef d’orchestre et l’orchestre qui vont accepter de les faire. Alors, tout ça, ça ne se fait pas en l’espace de quelques mois. Je regardais mon premier courriel de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières et de Jacques Lacombe, et ça date de 2007. Il y a vraiment trois ans de travail derrière ça. Je ne dirais peut-être pas à tous les jours, mais quand même…" amorce la soliste Marie-Josée Simard, dont les spécialités sont le vibraphone et le marimba.
Le projet s’annonçait d’ailleurs périlleux. Car Trois Jazettes concertantes est la première oeuvre symphonique du jazzman François Bourassa – fils du regretté premier ministre du Québec Robert Bourassa. "Il m’avait déjà écrit des pièces, François. J’avais beaucoup travaillé son répertoire. On avait fait des concerts ensemble. Puis, je lui ai dit: "François, je pense qu’on serait dus pour faire quelque chose." Surtout que, moi, je suis une personne de projets. J’aime ça trouver des choses qui vont sortir de l’ordinaire, avoir la possibilité de travailler avec des compositeurs de différents styles, explique la percussionniste. Je lui avais dit que je voulais la forme concerto: je voulais trois mouvements et une cadence. Alors, tout a été respecté, mais en trois "jazettes". Ça apporte quelque chose de plus sucré."
IMPROVISATION LIBRE
Celle qui a été la première femme diplômée en percussions au Canada le confirme, dans Trois Jazettes…, les racines jazz de Bourassa sont bel et bien perceptibles. Une place toute particulière a même été laissée à l’improvisation. "Je ne suis pas quelqu’un qui a commencé à étudier la musique classique dans les conservatoires. J’ai passé cinq années à jouer de la musique de variété avec un orchestre familial. J’ai joué un peu de toutes les musiques, dont celle de la période de mes parents – les années 30-40. Alors, swinguer et improviser, j’avais déjà ça dans mon éducation musicale." Mais comment arrive-t-on à improviser lorsqu’on est entouré d’une machine aussi imposante qu’un orchestre symphonique? "Bien, on peut avoir des accords. Par exemple, il y a un passage où l’on me propose des notes et, là, je peux me promener à travers ça avec les archets au vibraphone. Tandis que l’Orchestre a des notes déterminées. Il y a aussi des endroits où l’Orchestre a un rythme régulier et, moi, je peux jouer entre ça. Mais, je ne peux pas dire qu’il y a un passage que j’improvise de A à Z. Je ne suis quand même pas une improvisatrice professionnelle. Ça me prend des notes, une direction dans les pièces, un endroit où j’ai un point culminant. Mais la cadence de l’oeuvre permet beaucoup au soliste de se laisser aller."
La Première Symphonie chorale de Gustav Holst et Lullaby de George Gershwin compléteront le programme du dernier concert de l’OSTR, dirigé par Jacques Lacombe.