Misstress Barbara : Barbara avant tout
Musique

Misstress Barbara : Barbara avant tout

Misstress Barbara entame une nouvelle carrière et plante les pieds en dehors de ses pantoufles de DJ. Heureuse de son sort, elle constate cependant que les écarts de parcours peuvent parfois se révéler douloureux.

C’est la première fois qu’elle nous rend visite avec Girls on a Ducati pour ce spectacle en groupe (complété par un bassiste et un claviériste) dédié à son dernier album, I’m No Human, qui nous a dévoilé la chanteuse qui se cachait derrière la DJ Misstress Barbara.

Exit la techno à haut volume, Barbara Bonfiglio se livre à nu avec ses propres textes et sa voix. "À nu, c’est l’expression juste. À l’époque, si le promoteur d’un spectacle techno venait me voir avec un micro pour que je salue le public, je refusais. Je n’étais pas capable d’entendre ma voix. Pourtant, ce n’était rien. Juste quelques mots pour dire bonjour au monde et le remercier!"

Et voilà qu’elle plonge. Non pas pour dire seulement "quelques mots" au public, mais bien pour défendre un disque chanté à saveur électro-pop. Le tout pour le tout pour la DJ, qui admet avoir atteint un sommet dans sa profession initiale, qu’elle honore encore malgré tout. Un dédoublement de personnalité pour la Misstress de la scène internationale techno, qui compte bien miser sur cette polyvalence pour entamer une nouvelle carrière. "Je l’espère, c’est fatigant le métier de DJ, constate-t-elle. J’aime encore ça, mais peut-être pas autant qu’à mes débuts. On vieillit et c’est une scène qui reste très jeune. Les horaires ne sont pas faciles. Si tu me demandes ce que je choisirais entre mon spectacle et un contrat de DJ, c’est mon spectacle. Je mets les priorités sur mon groupe à 100 %, peu importe le cachet. Pour moi, cette nouvelle carrière a beaucoup de possibilités. Comme DJ, je gagne très bien ma vie, mais j’ai atteint un plafond personnel. C’est pas mal du tout, mais je n’ai pas le sentiment d’avoir d’autres défis devant moi dans ce créneau."

Après quelque 14 ans de carrière, ce virage ne s’opère pas nécessairement en toute quiétude. Elle constate qu’elle devra user de patience et continuer d’affronter un monde critique, composé de fanatiques qui ne démordent pas de l’image qu’elle incarne encore à leurs yeux. Les irréductibles de la scène électronique ne sont pas toujours tendres. "Si j’avais mis un arrêt définitif à ma carrière de DJ, je pourrais comprendre que les réactions soient sévères, explique-t-elle. Mais ce n’est pas le cas. J’ai décidé d’évoluer et de faire des chansons électro. Où est le problème? Ce qui me dérange le plus, c’est la réaction des puristes qui comparent cet album à mes précédentes productions, et qui le descendent ensuite en lui donnant une étoile sur iTunes. J’en ai lu des horreurs: "Ce n’est pas la Misstress que je connais…", etc. Eh bien oui, c’est ça. Faites-vous à l’idée. Ces critiques sont tellement spécialisés qu’ils ne cessent de se braquer. Qui sait? J’en ai peut-être encore pour deux ans à me justifier?"

Avec des collaborations prestigieuses (Brazilian Girls, Bjorn Yttling et Sam Roberts), elle a produit, réalisé et composé un véritable premier album en solo. La pièce J’étais une fleur montre ce côté vulnérable qu’on a de la difficulté à imaginer chez cette artiste au caractère volontaire et frondeur. "Cette chanson, c’est la métaphore de la pure poésie qui existe en amour. C’est quelque chose qu’on constate plus d’une fois dans une vie. Toutes ces promesses qu’on peut se faire, et ensuite c’est le retour brutal à la réalité. La chanson Push Pull traite de ça aussi, avec peut-être un son un peu plus agressif. C’est un album très personnel."

À écouter si vous aimez /
Lykke Li, Sally Shapiro et Brazilian Girls