Festival des musiques de création : Musiques bizarres pour personnes normales
Musique

Festival des musiques de création : Musiques bizarres pour personnes normales

Pour sa 19e édition, le Festival des musiques de création s’offre une programmation qui pourrait bien élargir son auditoire.

Lorsqu’il est question de musique rap, à peu près tout le monde est en mesure de vous décrire sommairement de quoi il s’agit. Votre neveu adolescent vous fera un étalage infini de tous les chanteurs aux pseudonymes pas possibles tandis que grand-maman résumera le tout sagement en faisant allusion au caractère parlé des paroles.

Toutefois, celui qui osera discourir à propos de la musique actuelle aura de fortes chances de se retrouver seul à savoir de quoi il parle. En fait, la musique contemporaine a toujours bénéficié d’un public restreint mais très fidèle, qui peine souvent à se renouveler.

Or, avec sa 19e édition, le Festival des musiques de création risque de renverser la vapeur en présentant au public une gamme très variée d’invités. Parmi ceux-ci, on note d’ailleurs le passage de Miriodor, qui en sera à sa deuxième visite au FMC.

Créée en 1980 à Sainte-Foy, la formation Miriodor a subi de nombreux ajustements de personnel, mais cela ne l’aura jamais empêchée de se faire connaître auprès des mélomanes extrêmes du monde entier. De plus, en jetant un coup d’oeil à ses nombreuses réalisations des 30 dernières années, on peut dire que le groupe est le parfait exemple de ce en quoi consiste la musique de création.

On constate que la formation a toujours entretenu, dès ses débuts, un désir d’expérimenter et de ne pas se cantonner à une formule statique. Explorant les genres avec inventivité, Miriodor aura autant flirté avec le jazz, qui dépend souvent d’une certaine prouesse musicale, qu’avec le MIDI, qui est davantage le fruit d’une alliance entre la connaissance théorique de la musique et la patience d’un programmateur informatique. Aussi, on remarque qu’en empruntant de si nombreux chemins, la formation n’a jamais cédé à l’envie d’agrandir son public au péril de la créativité.

Dix-neuf ans après sa première visite au FMC, Miriodor revient donc en sol saguenéen, cette fois sous la forme d’un quintette. Nous entendrons Rémi Leclerc à la batterie, Pascal Globensky au clavier, Nicolas Masino à la basse, Pierre Labbé aux instruments à vent et, pour le plus grand bonheur des amateurs de guitare, c’est nul autre que le prolifique Bernard Falaise qui officiera en tant que joueur de six cordes.

BROCHETTE D’INVITÉS

Parmi les autres invités présents au FMC, il ne faudrait surtout pas manquer la formation The Rent, qui plaira assurément aux amateurs de jazz entraînant. Grand improvisateur de renom, le tromboniste et leader de la formation, Scott Thomson, voue quasiment un culte au musicien Steve Lacy, qui est considéré comme une des figures essentielles de la musique actuelle. Thomson s’est même adjoint les services de Susanna Hood, danseuse et chorégraphe, qui vient aussi teinter les pièces grâce à son chant unique. L’adjoint à la direction du FMC, Sébastien Maltais, dit de ce spectacle qu’il est le plus susceptible de plaire à un public moins initié à la musique actuelle. Avis donc aux néophytes.

Dans un tout autre registre, il ne faudrait surtout pas passer outre la soirée du 29 mai, qui présentera deux formations québécoises qui font de plus en plus leur marque hors du circuit de la musique contemporaine. Avec un son qui rappelle parfois celui de Sonic Youth et des ambiances qui n’ont absolument rien à envier au mythique groupe The Residents, Dynamo Coléoptera nous donne la chance de savourer un cocktail insolite de culture japonaise et québécoise. Difficile de rester de marbre devant les expérimentations de la formation, avec la fascinante Maya Kuroki au chant et à la guitare ainsi que le batteur fou François Girouard, d’autant plus qu’elles sont agrémentées de la danse de Tomomi Morimoto.

Ce sera ensuite à Pawa Up First de clore cette soirée, et du même coup le festival, avec sa musique qui baigne parfois dans le hip-hop et qui est souvent associée au rock émergent. Il est aussi très fréquent que l’on qualifie de cinématographique l’oeuvre de Pawa Up First. Bref, on parle ici d’une formation pour qui les mots frontières musicales ne signifient absolument rien, un trait qui semble également caractéristique du directeur artistique du FMC, Pierre Dumont.

Enfin, il est à noter que les amateurs de chanson ou ceux qui préfèrent les installations sonores y trouveront tous leur compte parmi les nombreux spectacles que le FMC présentera.

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