Sunny Duval : Nourri au sein
Sympathique touche-à-tout et guitar hero malgré lui, Sunny Duval renoue avec l’aventure solo. Rencontre au sommet.
Il est 1 h de l’après-midi, nous sommes installés sur une petite butte dans un parc de Rosemont, au gros soleil pétant. Pas encore tout à fait réveillé et pas nécessairement habitué à avoir toute l’attention braquée sur lui, Sunny Duval renoue avec l’aventure solo sur Sein noir sein blanc, "un clin d’oeil aux deux mamelles du rock que j’aime: le country et les musiques noires du sud des États-Unis".
Ceux qui ont écouté Achigan (2005) seront surpris. Celui que sa maman appelle François s’est éloigné du rock lourd et décapant pour se diriger vers un son associé aux années 50, rock’n’roll infusé de doo-wop et de country… "J’ai l’impression d’avoir régressé! Avant, je composais des musiques plus sophistiquées, construites autour d’une recherche d’accords. Maintenant, je me base sur le rythme et les mélodies. Je veux que les gens dansent quand ils viennent me voir jouer dans les petits bars."
Une panoplie d’invités – Tony Truant des Wampas, Damien Robitaille, Isabelle Le Doussal (Prototypes), Felicity Hamer (United Steel Workers of Montreal), Azure Degrâce (Jésus les Filles) – ont mis la main à la pâte, tous engagés selon un marché plutôt sympa: "Je me suis engagé en retour à collaborer à leurs projets futurs. Une piste contre une piste."
Que ce soit avec les Breastfeeders, Le Nombre, aux côtés de Plastik Patrick, de Damien Robitaille, avec le Maï Taï Orchestra, dans une gig avec Fred Fortin, les Cowboys Fringants ou Stefie Shock, avec les St-Sipoplette ou encore, lors de ses débuts, avec Féroce FETA, on l’a souvent vu sur scène, six-cordes à la main, sourire en coin, une présence électrisante. Sunny n’a rien du guitariste-pigiste qui se fond au décor… Mais ne le traitez pas de guitariste! "Je ne veux pas me limiter à une chose", précise le musicien, chroniqueur (Nightlife, BangBang, LP2), auteur (En-d’sous, éditions Coups de tête) et DJ (Cheval Blanc et Divan Orange). "Avant tout, je me vois comme un joueur. Je passe mon temps à jongler avec des mots, des sons, des idées… J’ai une approche de touche-à-tout; trop de choses m’intéressent pour que je me limite à une seule."
En-d’sous, son premier livre, est un bouquet de chroniques qui donne une bonne idée de sa vie dans les réseaux de la musique indépendante. François Duval a 37 ans, mais Sunny, lui, en a 17. "Je me suis baptisé comme ça en 1993!" Le petit gars de Trois-Rivières est arrivé à Montréal en 1995. Fantasmait-il, à l’époque, sur cette vie de rockeur libre, matou de ruelle sans contrainte ni cadran qui sonne à 7 h du mat? "C’est drôle, mais je ne m’en rappelle même plus. C’était une autre vie. Je me débarrasse de mon passé au fur et à mesure, je n’ai pas de plan de "carrière". Tout ce que je sais, c’est que j’aime faire bling sur une guitare. C’était comme ça il y a 20 ans et ça l’est toujours aujourd’hui!"
Sunny Duval
Sein Noir Sein Blanc
(Big Fat Truck / Select)
En magasin le 25 mai
À écouter si vous aimez /
Les Breastfeeders, Bloodshot Bill, Lyse & The Hot Kitchen