Yoav Talmi : Le divin à la Verdi
Le chef d’orchestre Yoav Talmi nous présente le dernier grand concert de la saison 2009-2010 de l’OSQ. Place à Verdi et à une oeuvre grandiose.
Pour cette entrevue, on joint Yoav Talmi à Amiens en France, où il dirigera l’Orchestre de chambre de Picardie. Le chef d’orchestre israélien ajoutera même sa touche personnelle au programme avec un arrangement orchestral de son cru pour le cycle pour piano Kinderszenen de Robert Schumann. Malgré tout, le maestro garde une pensée pour la Messa da requiem de Verdi qu’il nous présentera sous peu avec l’Orchestre symphonique de Québec. "Je suis partagé entre les requiem de Mozart, Brahms et Fauré, mais le requiem de Verdi est une oeuvre sublime. Je dis souvent que c’est l’une des plus belles oeuvres du compositeur italien."
Malgré le caractère opératique du requiem de Verdi perçu par plusieurs, Talmi indique avec éloquence qu’il compte bien respecter les volontés du compositeur. "Je crois qu’il est toujours primordial de faire comprendre aux interprètes qu’il ne s’agit pas d’un opéra. Verdi désirait une oeuvre sobre, introvertie. Tout le "spectacle" qui entoure une distribution d’envergure doit être mis de côté. Lorsqu’il a créé le requiem, Verdi a choisi une église et non une salle de concert. Son message était clair."
"C’est la musique avant tout, et le caractère religieux est très important, continue-t-il. J’ai déjà rencontré des solistes, ténors ou sopranos, qui étaient portés vers les glissandos, typiques à l’opéra. Certains vont prendre leur temps et même créer des points d’orgue. Pour moi, il n’en est pas question. On doit interpréter cette musique dans toute sa pureté."
En compagnie du Choeur de l’OSQ et des interprètes Marianne Fiset (soprano), Gigi Mitchell-Velasco (mezzo-soprano), John Mac Master (ténor) et Olivier Laquerre (baryton-basse), c’est la deuxième fois que le chef d’orchestre dirigera la Messa da requiem pour l’OSQ. Il garde un très bon souvenir de l’expérience initiale et, pour la première fois, la renouvelle avec des interprètes – Fiset, Mitchell-Velasco et Mac Master – qui sont pour lui des coups de coeur.
Maintenant au terme de 2009-2010, le maestro s’apprête à entamer sa toute dernière saison (2010-2011) à titre de directeur artistique de l’OSQ. Mais le chef se gardera occupé et compte bien continuer de la sorte pour longtemps. "Je reste toujours impliqué au sein de l’Orchestre de chambre d’Israël à Tel-Aviv. Maintenant que j’aurai plus de temps, je compte m’y consacrer encore plus. J’aimerais bien planifier une tournée avec l’orchestre sous peu."
Questionné sur les activités du chef d’orchestre Daniel Barenboïm au sein du West-Eastern Divan Orchestra – un orchestre qui réunit des musiciens musulmans et juifs -, Talmi constate l’immense défi que son compatriote s’est imposé. "Je n’ai pu entendre cet orchestre en concert, mais j’en ai beaucoup entendu parler! C’est une idée fantastique que j’appuie de tout mon coeur. C’est un projet que seul un homme comme Daniel Barenboïm pouvait porter. Il faut être fort pour proposer une telle initiative, ce projet attire beaucoup de polémiques." Politique et musique ne font pas toujours bon ménage. "Exactement, c’est très difficile."
À écouter si vous aimez /
La Messe de requiem n° 2 de Cherubini, la Petite Messe solennelle et le Stabat Mater de Rossini