Caloon Saloon : Country bien sapé
Musique

Caloon Saloon : Country bien sapé

Les quatre garçons de Caloon Saloon sont propres de leur personne et composent d’épiques chansons francophones sur des airs country aucunement surannés.

Vincent Vallières le surnomme Gasse lorsqu’il est sur scène avec lui, mais lorsqu’il enfile son bel habit et enfourche sa contrebasse au sein de Caloon Saloon, appelez-le Lil’ Buck. Autre Sherbrookois devenu montréalais qui fait sa place avec panache au sein de la chanson québécoise, Michel-Olivier Gasse s’apprête à donner avec son groupe un tout premier concert au bercail. "Même mes parents ne connaissent pas le band", lance-t-il. Corrigeons la situation.

LA GENÈSE

Complété par Patrick "Pontiak" Nadon, Julien "Backdoor" Leckman et Francis "Toots" Macbeth, Caloon Saloon est devenu un quatuor il y a un peu plus d’un an, à la suite du départ de sa violoniste. "On a pensé pendant une semaine ou deux à la remplacer, pis on s’est dit: "Fuck off. On continue à quatre."" C’est à partir de là que la joyeuse marmelade a pris. "En faisant sauter le violon, ça a élargi nos horizons. On a longtemps été catalogués comme un band bluegrass, chose qu’on n’est pas car c’est un genre très rigide, régi par des concepts stricts. C’est de droite, religieux, américain… Nous, on fait du country-folk et ça peut tourner autour du blues, du rock’n’roll." Toutefois, pas de parodie du genre au Caloon Saloon; ceux qui portent le chapeau et les franges pour la rigolade peuvent se dévêtir à l’entrée.

Après s’être fait la main sur des interprétations de trésors cachés du répertoire américain, le groupe opte pour la composition, et c’est Lil’ Buck qui hérite du rôle de chanteur, par la force des choses. "Au début, c’était surtout Pontiak, le batteur, qui chantait. J’ai un peu pris la place parce qu’il ne se passait rien entre les tounes… J’leur ai dit: "C’tu correct les boys si je me mets à l’avant? J’vais parler parce qu’avec les changements de guitares, c’est long!""

L’écriture de chansons francophones aux thèmes traditionnels (la solitude, l’amour, la route, la mort…) ne fut pas une mince tâche pour le musicien, également homme de lettres. "Le country, c’est la musique du peuple et c’est pourquoi ça revient tout le temps, explique Gasse. Ça raconte des histoires simples sur des formes simples. Ce n’est absolument pas facile à écrire. J’ai moins de difficulté à faire de la prose qu’à me concentrer sur des textes de chansons pour que ça ait l’air "chié sur le tas", mais super travaillé, comme mon bon chum Vallières arrive à faire de main de maître. Ma première référence, c’est lui, et il est un juge assez sévère. (Rires.)"

Justement, étant le second de Vincent Vallières, et ce, depuis les débuts, pourquoi Michel-Olivier Gasse a-t-il tergiversé pendant toutes ces années avant d’aboutir au devant de la scène? "Je ne sais pas… Au départ, être à la tête d’un groupe n’était pas un besoin, mais maintenant, je peux te dire que c’en est un et que je veux le combler pour le restant de ma vie."

ÉLÉGANCE MASCULINE

Après avoir très bien fait lors des plus récentes Francouvertes (le groupe a remporté le Prix de la meilleure performance scénique) et en attendant la sortie de leur premier album complet (réalisé par un membre honorifique, Dany Placard), prévue pour l’automne, les quatre lascars de Caloon Saloon vous invitent à venir les admirer en spectacle, beaux comme des sous neufs. "On se présente très bien, renchérit Gasse. Je trouve que l’élégance masculine en perd beaucoup à notre époque. Un boy, ça met un jeans pis un t-shirt, pis quand ça veut être chic, ça met une chemise. Pourtant, avec nos vestons pis nos chapeaux, on est ben!" Ainsi, avec ses beaux habits, Caloon Saloon en impose, un peu comme ses chansons qu’on se surprend à fredonner.

À écouter si vous aimez /
Bernard Adamus, Lake of Stew, Dany Placard