Diane Birch : Gothique défroquée
Nouvelle venue dans le domaine de la pop-soul, l’auteure-compositrice-interprète Diane Birch joue déjà dans la cour des grands.
Une vieille âme, un minois qui fait penser à Anne Hathaway, une voix déployée sans emphase, un jeu de piano agile, et même pas 30 ans. Diane Birch, qui donne dans une pop-soul teintée d’envolées gospel, pourrait être la fille de Laura Nyro ou la cousine éloignée de Norah Jones; elle atterrit dans le paysage musical avec une étonnante maturité.
Nul n’est prophète en son pays, dit l’adage. Avant de lancer Bible Belt sur le marché nord-américain, c’est à Londres que les choses ont débloqué pour l’Américaine originaire de l’État du Michigan. "Mon style est difficile à cerner parce qu’il est pétri de toutes sortes d’influences. C’était un problème aux États-Unis, mais c’est devenu un atout en Angleterre."
Comme tout jeune artiste désireux de faire connaître son travail, Diane Birch avait affiché sur MySpace quelques chansons enregistrées avec les moyens du bord. Un bon jour, comme ça, un manager londonien l’a contactée et s’est montré intéressé à voir de quel bois elle se chauffait. "Je suis déménagée en Angleterre, j’ai fait quelques petits concerts là-bas et récolté du bon feedback. Six mois plus tard, on m’a offert un contrat de disque et c’est comme ça que les choses ont démarré pour moi." Il faut dire qu’un dénommé Prince avait déjà remarqué ses aptitudes: "Dans le temps, mon job, c’était pianiste dans les hôtels de Los Angeles. Un jour, je me suis retrouvée là où séjournait Prince. Il m’a dit qu’il aimait mon style de jeu puis m’a invitée à jammer avec son band!"
Enregistré à New York et à La Nouvelle-Orléans avec d’excellents musiciens empruntés à Patti Smith, à Lenny Kravitz et aux Roots, Bible Belt est – comme bien des premiers efforts – un album très personnel qui fait le bilan d’une vie pas tout à fait ordinaire. "Je suis la fille d’un pasteur; la religion était au centre de tout chez nous. Ce fut assez contraignant pour la petite fille que j’ai été, d’où le titre de mon album, Bible Belt, comme une ceinture attachée trop serré autour de la taille."
On pense ici à Tori Amos, mais, à part la dernière chanson (Magic View) et le naturel avec lequel elle joue du piano, la comparaison s’arrête là. Diane Birch n’a rien d’une rebelle, ni d’une furie. "En fait, j’ai passé pas mal de temps à me rebeller quand j’étais adolescente, j’ai eu ma phase Sisters of Mercy-Joy Division-The Cure, et les textes ont été nourris par ce sentiment d’oppression. Un lexique religieux traverse l’album, j’y vais par la métaphore. Je parle d’anges, de démons et de miracles… Même si je ne crois pas à ces choses. C’est complexe pour moi, car je ne souhaite pas être associée à ça, mais en découvrant mon identité d’artiste, j’ai réalisé à quel point ces références faisaient partie de moi. Que tu le veuilles ou non, quand tu grandis là-dedans, ça colore ta vision du monde. Alors au lieu de me braquer contre cette éducation et de m’installer dans une posture de révolte, je me suis dit: "Pourquoi ne pas faire avec?" Je me rends compte, avec le peu de recul que j’ai, que c’est peut-être ce qui s’est avéré le plus libérateur au bout du compte."
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Feist, Carole King, Laura Nyro