George Thorogood and The Destroyers : Presque 40 ans de blues
Musique

George Thorogood and The Destroyers : Presque 40 ans de blues

George Thorogood and The Destroyers jouent toujours de la musique pas subtile pour deux sous à la hauteur de leur modeste prétention: être le meilleur groupe de bar au monde. Réflexions et boutades du leader.

Fiche signalétique de George Thorogood, tel qu’aperçu et entendu en 1982 dans le mythique clip de Bad to the Bone: veston, t-shirt et jeans noirs, babines du baveux qui veut tester le premier venu dans la ruelle, riff de guitare archi-simple qui fait siffler monsieur et qui délie les hanches de madame. Fiche signalétique du garnement aujourd’hui: copier-coller, "minus quelques cheveux", rigole-t-il.

Malgré un catalogue comptant plus d’une quinzaine d’albums studio (le plus récent: The Dirty Dozen, 2009), l’ubiquitaire chanson ayant injecté de la testostérone à nombre de publicités, de films et de galas de lutte colle aux bottines du chanteur. Ça lui arrive de se sentir pris jusqu’à la moelle par son hit? "Tout le temps, pouffe-t-il d’un rire guttural au bout du fil. Quand tu occupes un rôle, c’est difficile d’en sortir. À un certain moment, je me suis fait à l’idée que j’allais probablement la jouer pour le reste de ma vie. Pourquoi tu veux venir me voir en spectacle? Pour entendre mes succès et peut-être quelques nouvelles chansons, est-ce que je me trompe?" Ne jouons pas au plus fin: vous avez raison, Monsieur.

Thorogood parle franc, ses Destroyers n’ont jamais visé le coeur des puristes; on imagine le personnage de Steve Buscemi dans Ghost World se désoler de la tournure pop et arena rock racoleuse infléchie par la formation du Delaware aux complaintes de John Lee Hooker et de Bo Diddley. Des critiques que l’on accueille avec insouciance quand on s’autoproclame meilleur groupe de bar au monde. "Je crois que l’on se souviendra de ma musique pour ma sincérité, ma passion et mon dévouement", réfléchit le guitariste, 60 balais au compteur.

L’ESPRIT DU ROCK

"On the spirit of rock CHOM, 97,7." Quiconque a syntonisé la station montréalaise de rock classique sait que Thorogood, l’un des rares survivants du blues revival des années 80, n’a pas partout été délogé de son piédestal. Y tournent en boucle non seulement ses nombreux hymnes à la bibine et chants d’hédonistes à moto, mais aussi les pubs annonçant ses très fréquents concerts dans la métropole, signe d’une étroite relation avec le Québec. "Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, avoue-t-il. La province nous a toujours accueillis à bras ouverts. On en a parlé beaucoup et ça demeure à ce jour un mystère. Je ne comprendrai peut-être jamais, mais je crois qu’il s’agit du genre de choses qu’il vaut mieux ne pas comprendre."

Vous avez de l’autodérision, Monsieur Thorogood, profitons-en. One Bourbon, One Scotch, One Beer, c’est un régime qui garde son paroissien robuste? "Dans mon cas, maintenant, ce n’est plus qu’une chanson. Juste une chanson." Donnée dans le mille, la meilleure façon de tenir la route: "Je me place en position horizontale dès que l’occasion se présente."

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