George Thorogood : Le mauvais garçon du blues
George Thorogood revisite le blues à sa façon, à grand renfort d’accords martelés et de slide. Place à cette bête de scène pourrie jusqu’à l’os.
On oublie trop souvent que Bad to the Bone, ce fameux classique qui colle à la peau de George Thorogood depuis des lustres, a pris au moins 10 ans avant de se hisser dans les palmarès. À propos du 25e anniversaire de l’album du même nom, célébré il y a trois ans, Thorogood se montre pragmatique et nous résume en quelques mots une époque révolue pour lui. "Lorsqu’on documente un disque de la sorte et qu’on souligne son anniversaire, tu constates que tout est pour le mieux maintenant. Lorsque tu regardes en arrière, que tu réalises quels compromis tu as dû faire… Je suis très content d’être où je suis aujourd’hui. Tu peux être sûr que je ne reviendrais pas en arrière."
Sans trop s’apitoyer sur son sort, ce mal-aimé du blues – toujours trop rock au goût de certains puristes – reconnaît tout de même l’importance de cet album dans sa carrière. "En fait, ce sont les circonstances qui entouraient la production de ce disque qui étaient plutôt délicates. Tu écris tes chansons et tu souhaites plaire aux patrons de la compagnie de disques avant qu’ils te jettent dehors! Alors tu te retrouves en studio, tu sors le disque et après, c’est derrière toi. Il le faut."
"Je suis quand même chanceux d’avoir au moins une chanson qui soit connue à ce point, renchérit-il. Bien franchement, c’est ce que souhaitent tous les musiciens pour leur carrière. Mais pour Bad to the Bone, il en a fallu, du temps. À l’époque, les stations de radio rock n’ont pas joué ce disque, mais pas du tout. C’est dans les années 90 que cette chanson est soudainement ressortie de nulle part."
Et depuis, il multiplie les productions (21 au total), et surtout les spectacles. Avec son dernier album The Dirty Dozen, un recueil de 12 chansons méconnues du blues sur lequel il revisite entre autres Willie Dixon, The Holmes Brothers et Bo Diddley, le guitariste ne semble pas se lasser des tournées. "La seule chose qui m’importe, c’est qu’on se souvienne de moi comme d’un bon performeur. Le reste, je m’en contrefiche. En fait, pas tout à fait. Je reste curieux de savoir comment je pourrais m’y prendre pour faire trois ou quatre millions par année tout en restant bien assis sur mon cul!"
À écouter si vous aimez /
Bo Diddley, Buddy Guy, John Lee Hooker