Señor Coconut : Secouer le cocotier
Musique

Señor Coconut : Secouer le cocotier

Señor Coconut et son orchestre débarquent en ville lors du premier grand événement extérieur gratuit présenté par le Festival Mutek.

Au premier coup d’oeil, Señor Coconut pourrait appartenir au contingent d’artistes peu originaux qui vampirisent les succès des autres pour se construire une carrière. Après tout, sur son sixième et dernier disque, Around the World (2008), l’Allemand maintenant installé à Santiago, Chili, reprend à la sauce latine des succès tels Kiss (Prince), Sweet Dreams (Eurythmics) et, bien sûr, Around the World de Daft Punk. Pourtant, l’homme derrière le projet, Uwe Schmidt, jouit d’une notoriété enviable autour du globe, même chez les mélomanes rébarbatifs aux albums de reprises.

D’abord, Señor Coconut n’est qu’une des multiples facettes d’Uwe, qui enregistre sous différents sobriquets, dont AtomTM, un véhicule d’expression électro plus froid et minimaliste. Il collabore également à de nombreux projets, notamment à titre de réalisateur pour le groupe français Holden. De surcroît, le musicien se compromet par des choix de reprises audacieux. Lancé en 2000, l’album El Baile Alemán est consacré à l’hasardeux répertoire de Kraftwerk. L’obscur Yellow Magic Orchestra, groupe pionnier de la scène techno-pop japonaise, est aussi passé à la moulinette Coconut sur l’excellent Yellow Fever (2008). Bref, l’artiste n’hésite pas à sortir des sentiers battus de la pop commerciale. "Tout doit être remis en perspective, explique Señor. En qualifiant le Yellow Magic Orchestra d’obscur, tu témoignes d’une certaine culture. Tu as grandi au Canada dans un contexte qui diffère complètement de celui d’un Européen, d’un Américain ou d’un Japonais. Au Japon, l’album Yellow Fever n’avait rien de nouveau ou d’obscur. Parallèlement, en Serbie, la plupart des gens ne connaissent pas les pièces d’Around the World. Ainsi, les réactions à mes albums sont différentes d’un pays à l’autre. Mes disques ont des allures de sondages sur la culture populaire d’un pays."

Fort agréables sur compact, les élucubrations d’Uwe prennent tout leur sens sur scène, où les références salsa, mambo et meringue se mettent au service d’une pop accessible, dansante, livrée avec une pointe d’électro. Lors de son dernier passage au Festival d’été de Québec en 2006, Señor Coconut avait fait transpirer la foule amassée sur la place D’Youville. À l’instar de Champion, Uwe dirige ses musiciens (contrebasse, percussions, voix, cuivres, vibraphone) depuis son ordinateur. Mais contrairement au DJ québécois fort expressif lorsque sur les planches, l’Allemand y conserve un air austère, placide, quasi condescendant. "C’est un personnage que je joue et qui contraste avec mes musiciens toujours très démonstratifs en concert. J’aime rester immobile, sans expression. C’est aussi une manière de rester concentré, car mon travail derrière l’ordinateur est demandant. J’écoute tout ce qui se passe et je donne mes indications aux musiciens. Lorsque survient un pépin, tout le monde se tourne vers moi. Je dois trouver une solution sur-le-champ."

Ainsi, pas de Twitter, Facebook, MySpace, YouTube, Flickr, Hotmail ou de Youporn pendant les spectacles? "Je te jure que non!"

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Jedi Electro devient Le Golden

Même si Señor Coconut commence son concert vers 21 h 30, les festivaliers auront tout avantage à converger vers la Place des Festivals à l’avance puisque la redoutable machine à groove Le Golden réchauffera l’atmosphère dès 21 h. Le groupe anciennement connu sous le nom de Jedi Electro compte sur un alignement à faire baver: Alex McMahon (Ariane Moffatt, Plaster), Jean-Phi Goncalves (Beast, Plaster), Martin Lizotte (Hombre, Martin Léon, Dobacaracol) et Jean-François Lemieux (Daniel Bélanger, Damien Robitaille) – notez le départ du claviériste Dan Thouin. "On a changé de nom parce que la référence à Star Wars commençait à nous fatiguer", explique Alex, instigateur du projet. "Le changement de nom coïncide également avec un désir de pousser le groupe plus loin. Nous avons tous nos projets respectifs, mais le temps est venu de mettre plus d’efforts dans Le Golden. On souhaite enregistrer un disque à l’automne."