Gaëtan Roussel : Le goût des autres
Musique

Gaëtan Roussel : Le goût des autres

Projet solo ne rime pas nécessairement avec solitude. Gaëtan Roussel en fait la preuve sur un album au confluent des genres, où il surprend l’auditeur autant que lui-même.

Il est de ces albums qui font leur chemin et s’imposent sans qu’on les ait vus venir, comme Ginger signé Gaëtan Roussel, premier disque solo de la voix de Louise Attaque et de TaRMaC – laissés en jachère pour le moment. Avec cet album ouvert et poreux, on a l’impression que Roussel s’est à la fois fait plaisir et mis en danger. "Oui, tout à fait. L’envie de s’amuser était là, dans l’approche, plus ludique, voire pop, basée sur les rythmes et les sons et le désir d’être en studio… Mais tant qu’à le faire, j’ai voulu prendre des risques: aller à la rencontre de gens que je ne connaissais pas, les laisser modifier mes idées, me perdre, dans le bon sens, remettre en cause ma façon de travailler. C’est un album solo, mais je ne l’ai pas fait tout seul. Au début, j’avais envisagé un pseudo… Il y avait un peu de timidité, mais au bout d’un moment, j’ai compris que je pouvais l’assumer."

Ces dernières années, Gaëtan Roussel a été l’arme secrète de quelques artistes, et pas les moindres. Il est derrière la moitié des chansons de Bleu pétrole, le chant du cygne de Bashung (Résidents de la République, c’est lui), a aussi écrit pour Rachid Taha (Bonjour) et Vanessa Paradis (Il y a). Cette fois, c’est lui qui, comme il le dit, est "allé toquer à la porte des autres": Tim Goldsworthy du label DFA (LCD Soundsystem), Renee Scroggins de la légendaire formation new-yorkaise ESG, Julien Delfaud (Phoenix, Hermane Dune), Mark Plati à la coréalisation avec Joseph Dahan (ex-bassiste de la Mano Negra, Les Wampas) et Gordon Gano (Violent Femmes), déjà l’allié de Louise Attaque. "Mis à part Gordon et Mark Plati, avec lesquels j’avais déjà travaillé, je ne les connaissais pas. Ça s’est avéré très intéressant parce que ces gens n’ont pas la même culture musicale que moi. Si j’avais mené l’aventure seul, j’aurais atterri à un endroit déjà connu. Mes idées de départ ont été modifiées de manière assez forte; c’était à moi de trouver une façon de me les réapproprier", confie celui qui foulera les planches du Théâtre Granada en compagnie de sept musiciens.

Le résultat, on s’en doute, est magnifiquement éclectique. Normal quand on a pour modèles Beck et Damon Albarn: "Ce sont des touche-à-tout, au sens noble du terme. Au-delà de leur musique, il y a ce sentiment de liberté qu’elle dégage et le champ de possibles qu’elle ouvre. Alors oui, il y avait ce désir d’éclectisme, sans oublier que les chansons allaient cohabiter sur la même galette: il fallait que le tout soit cohérent."

Résultat: un album au confluent de la chanson, du rock, de la pop, de l’électro et du disco-punk, chanté en français avec quelques touches d’anglais, enregistré à Paris et New York: "On a travaillé par couches, en accumulation et par touches aussi, par impressions. Il y a eu beaucoup d’allers-retours, de pistes abandonnées puis reprises… Je voulais continuer à écrire des chansons. Je n’avais pas envie de rupture brutale, plutôt de décalage et de mélanges. C’est pour moi une nouvelle aire de jeu."

Le 10 juin à 20h30
Au Théâtre Granada

À écouter si vous aimez /
miCkey [3d], Noir Désir, Miossec