Jean-Louis Murat : Murat mur à mur
Jean-Louis Murat vient défendre en trois spectacles son nouvel et peut-être dernier album aux FrancoFolies de Montréal.
Alors qu’il avait pratiquement tout réalisé son précédent album, Tristan, seul à la maison, c’est aux réputés studios Ocean Way de Nashville, qui ont vu défiler Ray Charles, Eric Clapton, Radiohead, les Red Hot Chili Peppers ou encore les Stones, que Jean-Louis Murat a mis en boîte son plus récent: Le Cours ordinaire des choses. Pour cet opus, le chanteur s’est entouré de pointures qui ont collaboré autant avec Crosby, Stills, Nash and Young que Willie Nelson, Roy Orbison, Al Green, Dusty Springfield ou Dire Straits. "Je suis parti là en février (2009) sur un coup de tête", affirme le musicien auvergnat au bout du fil. "Je ne le regrette pas du tout. J’étais entouré d’excellents musiciens dans un excellent studio. C’était le bon moment pour y aller. L’euro était à un taux formidable en plus!"
C’est donc presque les mains dans les poches que Jean-Louis Murat s’est présenté à Nashville. Seul avec ses chansons. "Je suis allé là en cambrioleur. Sans être fan de country, j’y suis allé un peu avec des morceaux sur mesure. Je ne débarquais pas à Nashville pour chercher l’inspiration et encore moins des surprises, j’y allais pour travailler avec des pros. En quatre ou cinq jours, c’était fait. Je pense que c’est une blague de prétendre que ça prend des mois pour faire un disque. Quand on sait ce qu’on veut faire, tout va très vite. Il faut dire que ce sont des chansons assez simples que j’ai présentées, peut-être un peu rock bien que je n’aie jamais eu l’impression de faire du rock."
À l’écoute du Cours ordinaire des choses, on découvre un album typiquement murassien mais où l’on sent tout de même une certaine influence américaine; un disque à l’ambiance chaude et aux arrangements élégants, où se mêlent blues, folk, country, tex-mex et rock. "J’ai essayé d’emmener les musiciens dans mon univers, de ne pas me laisser entraîner dans le leur. Ce que je voulais, c’est qu’à la fin, ce soit du Murat", précise celui qui semble se dévoiler un peu plus que d’habitude sur cet énième effort. "Je ne m’en rends pas bien compte. J’ai l’impression d’être assez impudique sur chacun de mes disques. J’ai tellement fait de chansons et de disques que je ne me souviens plus s’il y en a un où je me mets plus à nu que sur un autre."
Le prolifique musicien, qui a la réputation de ne jamais faire deux fois le même concert, présentera une partie de son nouvel album et quelques-unes de ses nombreuses chansons aux FrancoFolies, et trois fois plutôt qu’une! "Je suis un peu capricieux, alors je fais des concerts selon le public et mon humeur. Des fois, je fais des versions longues de certaines chansons, des fois, je les fais plus courtes ou alors je les commence mais ne les finis pas… J’essaye de rester libre sur scène. J’ai donné des milliers de concerts et je n’en ai jamais fait deux pareils. Ça ne ressemblera pas trop à ce que j’ai fait à Nashville par contre. Y a pas de pedal steel, pas de cordes, pas de choeurs. C’est un peu plus austère. J’ai toujours aimé tourner en trio, mais là j’ai un clavier en plus. Je ferai aussi cinq ou six nouvelles chansons", affirme Murat qui laisse pourtant entendre que Le Cours ordinaire des choses pourrait bien être son dernier album. "Vu la crise, vu le public français et le métier à la française, tout est un peu décourageant. C’est la première fois que ça m’arrive de ne pas avoir envie d’enregistrer un nouveau disque. C’est pas très stimulant en France, on se fait chier ici. Sortir un disque en France, c’est aussi satisfaisant que de baiser une morte. C’est éprouvant à la longue. Baiser une morte, c’est pas ce qu’il y a de mieux comme job, à moins d’être nécrophile. Donc, pour moi, aller à Nashville, c’était me sortir un peu du cercueil européen. Un chanteur français qui n’a plus envie de chanter, c’est assez mystérieux, non?"
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Daniel Darc, Alain Bashung, Gérard Manset