Rubberbandance Group : Instinct de survie

C’est en avril 2011 que le Rubberbandance Group lèvera officiellement le voile sur sa huitième production, intitulée de façon temporaire Gravity of Center. D’ici là, l’étonnante compagnie montréalaise qui allie ballet, danse contemporaine et breakdance nous met l’eau à la bouche en présentant la première ébauche de cette nouvelle création à l’occasion du Festival international Danse Encore (FIDE).

"Le point de départ de Gravity of Center, c’est la rareté; c’est quoi le comportement humain quand il n’y a pas de ressources essentielles – argent, pétrole, nourriture, eau?" explique Victor Quijada, chorégraphe et fondateur du Rubberbandance Group, inspiré par la crise financière de 2008 et les plus récentes catastrophes naturelles. Voyant un parallèle entre les réfugiés de guerre, de catastrophes naturelles et les animaux qui effectuent des voyages migratoires pour survivre, il a eu envie de souligner la force incroyable du groupe. "Tout ça vient d’un instinct vieux de très longtemps: si quelqu’un court, tu cours aussi. Tu dois fuir le danger. Ça, c’est quelque chose que l’on partage encore avec les animaux. Nous avons des besoins individuels, mais nous avons besoin aussi de la société pour survivre."

L’ESPRIT DE DALI

Aidé de l’éclairagiste Yan Lee Chan, Victor Quijada a situé l’action du spectacle dans un endroit en marge du temps. "On s’est parlé du lieu où tout ça prend place: les personnages se rencontrent où? On a beaucoup discuté et notre référence était le grand désert de Catalogne, que Dali a peint souvent. Ça, ça a été notre inspiration. Mais le résultat, c’est plutôt les lumières naturelles qui tombent sur le paysage. Les couleurs que l’on utilise sont vraiment riches, comme ses peintures. Il reste que l’on ne veut pas reproduire une oeuvre du peintre et surtout pas recréer le surréalisme de ses objets, mais plutôt le paysage qui l’a inspiré à travers les années."

EN ÉQUILIBRE

Autre source d’inspiration, la danseuse et codirectrice artistique Anne Plamondon, avec qui le chorégraphe partagera la scène de la Maison de la culture. "Ça fait plusieurs années qu’on travaille ensemble au sein de la compagnie. En fait, c’est avec elle que j’ai été capable de développer une méthode, une technique pour soutenir le style de Rubberbandance, qui ramasse toutes mes expériences en danse urbaine – moi, j’ai grandi avec ça à Los Angeles dans les années 1980 et 1990 -, en danse contemporaine, en ballet contemporain, en ballet classique et en théâtre. Et on collabore avec deux danseurs, Emmanuelle Le Phan et Elon Höglund, qui apportent un bel équilibre au spectacle."

SIMPLEMENT LE MOUVEMENT

Dans ses productions précédentes, le Rubberbandance Group cherchait à briser les frontières qui existent entre le spectateur et l’artiste. Ainsi, les danseurs sortaient parfois de la scène ou invitaient le public à les rejoindre sur les planches. Avec Gravity of Center, Quijada ne s’est pas fixé cet objectif. Cette fois, il oriente plutôt ses recherches vers le mouvement et des idées physiques. "Je considère que le spectacle que l’on va donner à Trois-Rivières sera un spectacle de danse pure. Parfois, dans nos productions, il y avait beaucoup d’autres choses: des décors interactifs, des productions visuelles. J’ai des plans pour développer cette pièce pour la première en 2011, mais pour l’instant, je mise juste sur la danse, sur l’art narratif à travers une technique physique pure."

LE FIDE: LA 16E ÉDITION

Après une 15e édition des plus fastes, la barre était haute pour l’organisation du Festival international Danse Encore de Trois-Rivières. Consciente de proposer une programmation un peu moins chargée qu’en 2009, elle revient néanmoins avec des spectacles d’une grande qualité. D’abord, le 4 juin, elle présente la nouvelle création du Rubberbandance Group ainsi que son traditionnel Gala, qui réunira sur la scène de la salle J.-A.-Thompson les Complexions Contemporary Ballet, ezDanza, Tri-Tone Productions, Groovaloos, DanzAbierta et Escuela Nacionale de Arte. Le lendemain, soit le 5, elle reçoit Complexions Contemporary Ballet et le coup de coeur de sa directrice générale, la compagnie contemporaine cubaine DanzAbierta. Aux représentations en salle s’ajoutent des animations de danse de ligne dans la rue des Forges les 4 et 5 juin, entre 19h15 et 22h, et des spectacles de danse au Parc portuaire, entre 18h et 23h. Du 3 au 6 juin. Programmation complète: www.festival-encore.com.