Suoni per il Popolo : 10 ans de sons pour le peuple!
Le Suoni per il Popolo présente cette année sa 10e édition. Un festival (d)étonnant dans la ribambelle d’événements estivaux montréalais, pour s’ouvrir les oreilles.
Je venais à peine de commencer à écrire pour le Voir lorsque l’on m’a commandé une entrevue avec la percussionniste Susie Ibarra, pour sa participation à la première édition du Suoni per il Popolo, en 2001. C’est Mauro Pezzente (Godspeed You! Black Emperor) et Kiva Stimac, les propriétaires de la Casa del Popolo (il n’y avait pas encore de Sala Rossa), qui avaient lancé ce festival très éclectique, dont l’affiche proposait, et propose toujours, autant de grandes pointures de la scène free jazz que de noms obscurs de l’underground de la musique actuelle.
Depuis cinq ans, c’est Steve Guimond qui agit comme directeur artistique (il préfère sans doute, plus simplement, booker) de l’événement, qu’il suivait néanmoins de près depuis le début. Je commence par une question impossible: quel serait le grand moment des neuf éditions passées? La réponse vient tout de suite: "C’est l’apparition du festival! Ça a vraiment apporté le complément qui manquait à l’offre de festivals à Montréal, et à la saison musicale en général." Vrai. Le Suoni a fait passer par Montréal de nombreux artistes que personne d’autre n’aurait songé à programmer et qui, pourtant, remplissent leurs salles… "C’était vraiment le but de Mauro de faire venir de tels artistes. Au début, il s’est fait une wish list de tous ceux qu’il voulait inviter, dans un esprit d’ouverture totale, et puis il s’est essayé." Évidemment, de nombreux artistes étaient des amis ou connaissances du membre de GY!BE, ce qui facilitait la démarche. "Mais tu sais, Mauro est un passionné de free jazz, et je ne suis pas sûr que William Parker, par exemple, était un fan de Godspeed…"
Au fil des ans, la liste des amis s’est allongée, et quelques artistes sont devenus de véritables abonnés au festival, ou au restant de la saison de la Casa/Sala. Si le premier Suoni s’étendait sur plus d’un mois, le dixième dure une "petite" vingtaine de jours, casé entre la fin de MUTEK et le début du FIJM. "Évidemment, pour célébrer, il y a plusieurs amis qui reviennent: Parker, Hamid Drake ou Ken Vandermark, côté jazz, mais aussi le mythique Globe Unity Orchestra d’Alexander von Schlippenbach. Et d’autres qu’on essayait d’avoir depuis longtemps, comme le maître des boucles analogiques William Basinski. Il y a aussi une soirée organisée par la bande du No Fun Fest de Brooklyn, et beaucoup d’artistes émergents, d’ici et d’ailleurs." Une programmation riche, et à un tout petit prix d’entrée. Toujours à découvrir.