Avec pas d'casque : Tête première
Musique

Avec pas d’casque : Tête première

Avec pas d’casque s’amuse à défier le temps et les modes sans trop s’en faire avec les impératifs du métier. Partagé entre la musique et le cinéma, Stéphane Lafleur a trouvé l’équilibre parfait.

Rien n’a jamais été compliqué au sein du groupe folk-country Avec pas d’casque. À elle seule, la rencontre entre Stéphane Lafleur et Joël Vaudreuil, il y a plus de six ans, résume à peu près tout. Vaudreuil veut s’initier à la batterie pour jouer dans un nouveau groupe et il tombe sur Lafleur, qui gratte un peu de guitare, et voilà. Un groupe est né. C’est avec la venue de Nicolas Moussette, après la sortie de l’album Trois Chaudières de sang en 2006, que la formation trouve une géométrie parfaite.

"J’ai les collègues idéaux pour jouer de la musique", nous avoue Stéphane Lafleur, qui est aussi cinéaste de métier. "Il n’y a jamais eu de crise interne dans ce groupe. Je me trouve chanceux. On est pas mal en accord sur tout, et personne n’attend le groupe pour vivre sa vie. Joël et Nicolas ont, eux aussi, des projets parallèles. Même le choix des spectacles, pour nous, c’est des coups de coeur."

Le parolier de la formation vient tout juste de sortir d’un tournage l’hiver dernier. Après avoir fait parler de lui avec son long métrage Continental, un film sans fusil, il s’apprête à retourner en salle de montage lors de cette entrevue, tout juste avant de repartir sur la route avec son groupe pour participer au Festival de la chanson de Tadoussac.

"Ça fait deux ans que je travaille sur mon prochain film, précise-t-il. Il faut tellement attendre dans le milieu du cinéma. Tu déposes ton projet et tu as une première réponse trois mois plus tard… Entre-temps, tu dois faire autre chose, continuer de vivre. Sinon, tu as des bonnes chances d’être malheureux dans la vie! La musique, c’est un bon contrepoint à mes activités de cinéaste. La musique, c’est spontané. Tu écris une chanson la veille et tu la joues en spectacle le lendemain."

Toujours ancrés, les deux pieds joints, dans le folk et la country, Stéphane Lafleur et ses comparses ont réalisé sans aide extérieure leur dernier album Dans la nature jusqu’au cou, fidèle à un son lo-fi. Chacun y met du sien, de la réalisation jusqu’à la pochette de disque. Un pur produit maison. "Joël fait beaucoup de dessins et ses illustrations inspirent même les paroles de certaines chansons. Nicolas est notre ingénieur de son attitré, c’est pas mal lui qui s’occupe de tout en studio et moi un peu du mixage. On est très autonomes, tout en étant autodidactes. Tu sais, le son lo-fi, c’est un peu un accident, ce n’est pas volontaire. On compose avec nos limites et on s’arrange avec."

Et pourtant, l’esthétique semble être parfaitement définie et la voix de Lafleur, elle, colle parfaitement aux propos qu’illustre cette production dépourvue d’artifices. "Il y a une simplicité dans le folk et c’est direct. Malgré toutes les modes musicales, je finis toujours par revenir à Bob Dylan, par exemple. Je ne me considère pas comme un grand musicien ni un grand chanteur. Ce qui me reste, c’est l’écriture. Les gens ne viennent pas pour entendre ma voix d’ange. En étant trois, ça nous ouvre plein de possibilités musicales mais, instinctivement, je reviens toujours au country et au folk."

À écouter si vous aimez /
Fred Fortin, Placard-Macbeth, Bob Dylan