JP Nataf : Chansons planantes
JP Nataf est une bénédiction pour les amateurs de chanson française. Il revient avec son folk-pop enchanteur, planant, dont témoigne son deuxième album, Clair.
C’est un sacré bon coup pour les Francos de faire revenir JP Nataf, cinq ans après son dernier passage remarqué aux côtés d’Albin de la Simone. Ce spectacle à deux têtes avait été un des meilleurs du cru 2005. Ex-membre du groupe pop français Les Innocents, Nataf navigue désormais en solo, avec une attitude cool et lunaire que Martin Léon ne renierait pas.
Au bout du fil, le chanteur explique comment cinq ans ont pu passer entre le premier et le deuxième opus: "Le premier n’a pas eu beaucoup de succès, mais il m’a permis de rencontrer pas mal d’artistes, je me suis beaucoup mélangé. J’ai joué des percussions avec Holden, de la guitare avec Barbara Carlotti. J’ai joué dans une comédie musicale (celle d’Olivier Libaux, Imbécile, en 2007). J’ai composé des chansons pour d’autres gens. Plein de projets qui m’éloignaient du nouvel album, commencé il y a longtemps. Je le reportais. J’essayais de profiter de la vie sous un autre angle, parce qu’avec Les Innocents, je ne dirais pas que je m’ennuyais, mais c’était quand même assez routinier."
Nataf est un personnage étonnant. On l’imaginait planqué dans sa longue barbe hippie, taciturne, rêveur. En entrevue, il se montre ouvert, bavard, appliqué à répondre le plus précisément possible. Pour la rêverie, le voyage planant, on se repassera les CD. Plus de sucre, le premier, lui a décidément ouvert bien des portes: "Grâce à lui, je suis devenu assez proche de presque tous les chanteurs français dont je suis fan. C’est génial, c’est une bonne carte de visite. Il y a plein de gens qui me voyaient juste comme membre d’un groupe pop qu’ils n’aimaient pas forcément… J’ai ainsi rencontré Dominique A, Bertrand Belin, Mathieu Boogaerts, etc. J’ai joué cet album dans des pays lointains, pas besoin de comprendre les paroles pour l’apprécier."
Le deuxième opus, Clair, vient à peine d’arriver sur nos tablettes et se hisse déjà parmi les meilleurs de l’année. Ses chansons s’infiltrent doucement en nous, comme un beau poison euphorisant: "Même si j’ai fait beaucoup de choses seul sur cet album, j’ai l’impression qu’il y a quand même une énergie collective. Je l’ai trouvé plus apaisé et lumineux que ce que j’imaginais. Normalement, j’ai une propension à aller vers des choses un peu obscures, un peu mélancoliques."
Mélancolique et lumineux, JP Nataf a donc toute sa place aux côtés de Pierre Lapointe dont il fait la première partie: "Déjà le mot "spectacle", je ne l’ai pas bien intégré. Je me sens plus proche des gens qui jouent dans des clubs. En général, je décide de ce qu’on va jouer une heure avant le début. Ça dépend aussi des conditions techniques. Je n’arrive jamais avec une idée précise. On est quatre à jouer de la musique et puis il y a un sonorisateur." C’est tout, et parfois c’est suffisant.
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