Mark Feldman : Le western de Feldman
Le violoniste Mark Feldman a eu un parcours professionnel atypique et continue de nous surprendre. Démystifions la carrière d’un interprète unique.
Lorsque vous tendez l’oreille à une production du compositeur et saxophoniste John Zorn, vous avez de fortes chances de constater que le violoniste Mark Feldman fait partie de la distribution. Que ce soit au sein du Masada Chamber Ensembles, de Masada Trio ou du Bar Kokhba Sextet, l’interprète a participé à la création d’oeuvres phares du compositeur new-yorkais. Et cela, sans compter ses collaborations avec le trompettiste Dave Douglas, dans le Mosaic Sextet à la fin des années 1980, et le saxophoniste Joe Lovano. Aujourd’hui, Feldman est un membre régulier du quartette du guitariste John Abercrombie en compagnie de Joey Biron et Marc Johnson, respectivement à la batterie et à la contrebasse.
Le voici maintenant de passage à Québec en compagnie du flûtiste François Richard et du Nouvel Orchestra. Une rencontre qui a vu le jour à New York en 2008. "François m’a contacté et m’a envoyé son disque, se rappelle-t-il. J’ai adoré la musique! Alors, lorsqu’il m’invite, je vais le rejoindre sur scène." Rien de plus simple pour Feldman qui, malgré un agenda bien rempli, semble voyager d’un projet à l’autre avec l’attitude d’un dilettante.
Questionné sur la musique contemporaine, le violoniste ne semble pas porter de regard élitiste sur ses activités. Il démystifie sans hésitation la dimension intellectuelle qui accompagne ces formes d’expression artistique. "Avec François, on fait du jazz, résume-t-il. C’est mélodique, mais mon travail au sein du quartette de John (Abercrombie) est très mélodique lui aussi. Lorsque j’interprète des oeuvres issues de Bar Kokhba avec Masada, on est dans un contexte tonal et mélodique. Je peux comprendre qu’on m’identifie à la musique d’avant-garde, mais si tu veux savoir, mon compositeur favori est Tchaïkovski."
Mark Feldman est arrivé à New York en 1986. Deux ans plus tard, il rencontrait John Zorn et la tribu de musiciens d’avant-garde qui allaient marquer l’univers du jazz. Tout cela occulte le premier chapitre de sa carrière musicale: Nashville et la musique country. "Tu commences à faire de la musique et tu cherches des engagements… Ce fut mon école. Je n’avais que 23 ou 24 ans…"
C’est alors que les Johnny Cash, Jerry Lee Lewis et Willie Nelson croisent sa route. "J’ai joué sur deux albums de Johnny Cash, au sein d’un quatuor à cordes et d’un orchestre de studio. J’ai participé à l’une de ses émissions de télévision aussi, dans l’orchestre de la production. Willie Nelson, eh bien, c’était pour l’un de ses disques, pour des overdubs; je ne l’ai jamais rencontré. Mais j’ai été en tournée avec Loretta Lynn pendant un an. Là, j’étais dans le groupe! Ce sont de très beaux souvenirs. Tout comme mes expériences avec les chanteurs Ray Price et George Strait. Wow, je deviens nostalgique! Mais je peux t’avouer que j’ai beaucoup plus d’affinités artistiques avec New York qu’avec Nashville!" conclut-il en riant.
À écouter si vous aimez /
John Abercrombie, Masada Trio, Bar Kokhba Sextet