Patrice Michaud : Dans l’fond Léon!
Patrice Michaud, lauréat du 41e Festival international de la chanson de Granby, a le vent en poupe. Rencontre avec un artiste contemplatif, énergique, humble et sincère qui chante l’hymne au quotidien.
13h30. Un soleil de plomb frappe la terrasse du Bonnet d’Âne, à Québec. Accoudé devant un café noir, une rôtie à la main, l’intrigant auteur-compositeur-conteur Patrice Michaud discute d’entrée de jeu du roman français La Vie mode d’emploi de Georges Perec. Il explique, avec une passion désarmante, sa philosophie de vie par rapport à tout ce qui l’entoure et comment il envisage sa musique. Perec, certes, il l’admire. Tellement qu’il en fera son champ d’études durant une maîtrise universitaire.
Lentement mais sûrement, depuis quelques années, il s’est mis à composer quelques chansons, dont les excellentes Cahier Canada, Périphérie et Le Mur d’Hadrien, que l’on peut écouter sur sa page MySpace. "Pour mon album, je dois en écrire une trentaine au moins pour finir avec une douzaine." Celles-ci sont le reflet actuel de ce que Patrice a dans les tripes. Fébrile, il tend un bouquin et cite subitement un passage du poète ontarien Patrice Desbiens sur le cynisme. "La poésie, voilà ce qui m’aide à faire des tounes, confie-t-il. De toute façon, il faut en écrire d’la marde pour en écrire une bonne!" lance-t-il en riant. Au fur et à mesure que le temps passe, on ne peut qu’être happé par l’authenticité du personnage et la place vitale qu’il donne aux rapports humains.
ROULER, ROULER
Depuis presque six ans, Patrice Michaud a roulé sa bosse en participant à plusieurs événements, dont 5 x 5 au Théâtre Petit Champlain et le réputé Festival en chanson de Petite-Vallée. Et ça continue, car le jeune auteur-compositeur-interprète sera du Festival de la chanson de Tadoussac. Au fil de ces expériences musicales, de ses multiples rencontres humaines, l’artiste originaire de Cap-Chat en Gaspésie a pu se faire une meilleure idée de ce qu’il cherchait par rapport à la réalisation, au choix des arrangements musicaux, aux styles et à l’instrumentation: "Par exemple, je sais qu’il y aura du banjo sur mon album. Il y a un retour favorable pour cet instrument. J’aimerais faire un album qui sonne à la fois comme le dernier d’Amélie Proulx, Fred Fortin et Martin Léon. J’aimerais être capable d’écrire comme le fait Richard Desjardins; livrer tant de beauté avec des mots que même un enfant peut comprendre. Autrement dit faire du beau avec du simple."
Michaud dit puiser son inspiration dans le monde autour de lui et en extirpe ses petites histoires ordinaires qu’il met en musique. "Faut pas oublier que j’suis également un conteur d’histoires, c’est ce qui me permet de gagner ma vie au quotidien. Je donne des ateliers de conte dans les écoles primaires, secondaires et collégiales durant la semaine. J’ai toujours aimé les mots, la langue, les romans fantastiques et policiers." C’est, selon lui, sa liberté artistique. Une liberté qui se fait sentir dans son cheminement et dans la préparation méticuleuse de son album. On est loin du star-system.
À écouter si vous aimez /
Guillaume Arsenault, Moran et Martin Léon