Rachid Taha : Bonjour l’ambiance!
Rachid Taha vient nous saluer avec un album coloré et accueillant.
La couverture est d’un rose flash; au centre, un éclair jaune entoure le chanteur vêtu d’une chemise, rose aussi, et d’une veste de velours rouge; au-dessous, une série de fleurs, des roses, viennent compléter le décor. L’image fait penser à un poster de Bollywood ou à une carte postale de divinité hindoue kitsch. La pochette annonce la couleur, le titre est naïf et accueillant: Bonjour, tout court.
Sur son huitième album studio, Rachid Taha a tassé ses démons pour faire place à la lumière et à une légèreté toute pop qu’on ne lui connaissait guère. Et c’est aux décidément très sollicités Mark Plati et Gaëtan Roussel, récemment auteur d’un album solo plutôt enjoué (Ginger) et lui aussi aux Francos cette année, qu’est revenue la tâche de produire ce Bonjour. "Je voulais travailler avec un réalisateur français qui soit dans la chanson française et qui soit en même temps pop et rock. Je cherchais un nutritionniste!" caricature Rachid Taha pour expliquer le choix de l’ex-Louise Attaque. "Puis je voulais Mark Plati parce que c’est quelqu’un qui a une oreille pop américaine mais qui a une sensibilité underground. Tout ça parce que je tenais à faire un disque beaucoup plus léger et dansant, comme Amadou & Mariam ou Elvis, mais sans renier ce que j’ai fait avant, c’est-à-dire le chaabi, le rock, la country, la techno, la house, etc. Donc, le titre correspond à l’esprit et la pochette fait un peu Bollywood ou Elvis Presley. C’est kitsch, mais rock’n’roll!"
Au nombre de fois qu’il venu ici, on pourrait penser que Rachid Taha a ses habitudes, ses endroits où il aime retourner… or il n’en est rien. Rachid n’est pas un routinier. "J’aime Montréal parce que c’est assez aéré. J’aime bien ce mélange un peu new-yorkais, un peu européen, un peu village. Mais sincèrement, si j’apprécie aller dans plusieurs endroits, je ne suis pas quelqu’un qui est fidèle à un lieu en particulier… Je trouve ça glauque d’avoir des habitudes, on revoit toujours les mêmes gens et on s’en contente. Je crois qu’avoir des habitudes n’est pas constructif." À ces mots, on lui répond que sans les habitudes de Spectra, on n’aurait pas vu si souvent Rachid Taha à Montréal… "C’est vrai quand j’y pense… Je suis venu pas mal souvent aux Francos ou alors au Festival de Jazz", rigole le chanteur, affairé à choisir les chansons qu’il présentera à Montréal et visiblement de bonne humeur. L’effet Bonjour? "J’ai mes anges qui me guident, des gens comme Youssef Chahine, Lili Boniche, Oum Kalsoum, Frantz Fanon… et il y en a plusieurs autres que je ne nomme pas sur le disque, comme Jean Genet, Jimi Hendrix ou John Lennon", détaille l’interprète de l’indémodable hit Ya Rayah. "Ce sont eux qui nous donnent envie de vivre, qui nous donnent de l’espoir. On se dit que le monde n’est pas si pourri que ça." Donc, si Rachid Taha a ses anges, il a forcément ses diables… Sa réponse est directe: "Le diable, c’est moi-même!"
À voir si vous aimez /
Gnawa Diffusion, Dazibao, Gaëtan Roussel