Sébastien Deshaies : Une première fois
Après s’être produit pendant plusieurs années sur scène, le guitariste classique Sébastien Deshaies lance OEuvres pour guitare seule, son premier album solo.
Ces derniers temps, le guitariste Sébastien Deshaies a tellement collaboré avec d’autres artistes (Magali et les Tuxedos voyageurs, Duo Contra-Danza, L’Anche à deux cordes…) qu’on en avait presque oublié sa carrière solo. Avec OEuvres pour guitare seule, il rappelle qu’il est beaucoup plus qu’un simple musicien accompagnateur.
Pour ce premier disque produit de manière indépendante, le Trifluvien avait une idée bien précise de l’atmosphère qu’il voulait créer. "Ils ont été très patients", souligne-t-il en parlant des techniciens du studio YBA, où tout le travail a été effectué. "C’est un enregistrement qui est très à proximité. À la base, il a été fait en analogique, c’est-à-dire avec une machine à bobines. Ils ont pris cinq microphones, dont certains à lampe. Je trouvais qu’il y avait beaucoup plus de chaleur dans le son que sur un enregistrement numérique. Souvent, lorsque les techniciens font des enregistrements pour guitare, ils les prennent dans une église, de loin, avec deux microphones. Ce qui est dommage, c’est que de cette façon, on perd la dynamique dans les attaques. Ce qui n’est pas le cas avec mon album; c’est comme si tu étais à côté de moi."
LAISSER SA TRACE
Sur cet opus, Deshaies reprend des oeuvres bien connues (Tres piezas españolas de Joaquin Rodrigo et La Catedral d’Agustín Barrios Mangoré), mais il propose également plusieurs pièces inédites, dont Le Vent à Charlevoix, que Marcos Vinicius a écrite spécialement pour lui. "Sur le plan du choix du répertoire, ça s’est décidé comme ça, naturellement. Ce sont vraiment les circonstances qui ont fait que j’ai pu collaborer avec ces compositeurs [Marcos Vinicius, Sébastien Vachez, Per-Olov Kindgren]. J’en ai donc profité. Dans le domaine de la guitare classique, c’est le fun d’avoir des pièces qui n’ont jamais été jouées. Autrement, ça devient un peu redondant. Là, puisqu’il y a beaucoup de pièces qui n’ont jamais été enregistrées, ça donne une valeur supplémentaire à l’album; les gens peuvent découvrir des répertoires qu’ils n’ont jamais entendus."
À plusieurs reprises au cours de l’entretien, le guitariste parle de son nouveau-né comme d’une belle carte de visite. Quelles portes, justement, aimerait-il qu’il lui ouvre? "On verra ce qui va arriver, répond-il. Je te dirais que c’est un projet que je voulais faire depuis longtemps. Donc, de le réaliser, c’est déjà super. En fait, pour moi, l’objectif, c’est surtout de laisser des traces."
LA PERFECTION
Après une dizaine d’années à monter sur différentes scènes de la province, comment a-t-il trouvé son expérience d’enregistrement? "Enregistrer, c’est plus dur que faire de la scène: tu veux tellement que ce soit parfait. J’ai fait je ne sais combien de prises. Je gardais toujours à l’idée que ça allait rester. Donc, ça me mettait plus de pression. En même temps, c’est un beau défi. Je ne peux pas dire que j’aime moins ça que faire de la scène. J’adore ça, mais une fois que l’album est fait!"
Sébastien Deshaies
OEuvres pour guitare seule
(Indépendant/Contrass)
À écouter si vous aimez /
La guitare classique, les matins pluvieux