Tagada Jones : Musique dure qui dure
Tagada Jones poursuit une tournée ininterrompue amorcée en 1993. Leçon de punk avec Niko, un meneur de troupe ayant tout mis en place pour ne jamais avoir à rentrer dans le rang.
Voilà plus de 1300 fois que Tagada Jones pourfend les exploiteurs éhontés dans les microphones du monde entier. "Ce qui est assez drôle, c’est que la prestation s’en vient de plus en plus facile à faire, avoue Niko, leader de la formation rennaise. C’est plus difficile pour un groupe qui débute: tu te poses plein de questions, tu as beaucoup de mal. On ne répète plus jamais. Quand on ne joue pas pendant trois semaines, on se donne des prétextes pour se voir."
Toujours mû par une capacité d’indignation aiguë, le parolier tente néanmoins de moduler sa rage, sachant qu’elle peut à l’usure avoir quelque chose de soûlant pour le public. "J’essaie de plus en plus de ne pas faire déprimer tout le monde, d’inciter à se serrer les coudes. Cette année, il y a eu énormément d’usines qui ont fermé en France et des gens se sont retrouvés dans la rue à défendre leurs droits. Toujours, il y avait cette force, un courage extraordinaire. À la fin, j’ai plutôt envie de tourner le prochain album avec un petit côté positif, clin d’oeil à cette solidarité."
Le quatuor punk-hardcore ne se mettra quand même pas à nous conter fleurette et continuera de s’acquitter d’une tâche qu’épousent peu de ses cadets, note Niko. "En France – je sais que c’est moins le cas au Québec -, de plus en plus de groupes font de la musique dure et hautement amplifiée avec des textes très légers. Ça peut être un choix, mais je trouve que c’est dommage de perdre ce côté virulent et vindicatif qui est important."
Un point de vue marginal que Tagada Jones fera toujours valoir dans l’indépendance, tenant depuis ses débuts les rênes de sa carrière (avec Enrage Production, entre autres). Une décision, à l’heure du Web 2.0, moins radicale qu’elle en avait l’air jadis. "Tout le monde nous regardait bizarrement en demandant: "Pourquoi vous voulez faire ça tout seuls?", alors que pas mal de nos copains signaient sur des majors. Maintenant ils se sont tous fait lourder, sans avoir rien pérennisé, et n’ont pas appris comment faire pendant ce temps-là."
À voir si vous aimez /
Lofofora, Banlieue Rouge, Rancid