The Besnard Lakes : Voyage, voyage
Musique

The Besnard Lakes : Voyage, voyage

Les Besnard Lakes poursuivent leur éloge de la fuite dans un nouveau trip auditif, The Besnard Lakes Are the Roaring Night.

Ce n’est pas parce qu’on est arrivé à destination qu’on cesse son mouvement. Soit, après la transformation totale marquée par l’album The Besnard Lakes Are the Dark Horse – avant lequel le combo space-rock local était principalement instrumental et peu intéressé par le sujet pop -, ce nouveau chapitre, The Besnard Lakes Are the Roaring Night, est en tous points la suite logique du précédent, les variations d’humeur en moins. Troisième effort du combo (réduit de sextuor à quatuor en raison du coût élevé des tournées à six), l’opus mise à fond sur l’alliage de tempos modérés mais massifs, de murs de guitares shoegaze et de mélodies pop vaporeuses, vêtues d’arrangements orchestraux, mis au point sur l’épisode précédent.

Jace Lasek, chanteur, guitariste et coopérateur du très achalandé studio Breakglass (où ont enregistré une pléthore de groupes locaux, de Wolf Parade à The Stars), confirme: "Dark Horse a été fait par petites poussées, dans deux studios différents et sur une période d’environ deux ans. Roaring Night a été fait d’un seul coup, dans le même endroit, en deux mois environ. Il ressemble davantage à un album qu’à une collection de chansons. Dark Horse donne l’impression que nous nous demandions dans quelle direction aller", commente-t-il, tout jovial, au terme d’une séance de mixage du prochain album de Land of Talk.

Qui plus est, la bande (complétée par sa compagne, la bassiste Olga Goreas, le guitariste Richard White et le batteur Kevin Laing) continue de raconter des histoires d’espions, un thème déjà exploité sur Dark Horse. "Je voulais passer à autre chose, mais c’est un thème qui me vient spontanément. On dirait que ça me donne une excuse pour écrire", s’esclaffe l’Albertain d’origine.

Cela dit, par son fonctionnement même (du tricot sur des segments musicaux dépareillés, "jusqu’à ce que ça ait l’air fini"), le groupe évite le statu quo. "Notre façon de composer consiste à partir d’un point A et arriver à un point F, explique Lasek. J’ai toujours aimé les morceaux qui t’emmènent quelque part, qui te donnent l’impression de voyager."

Perpétuellement occupé à travailler sur les disques d’autrui, Lasek dit n’avoir ni le temps ni l’envie d’accomplir des prouesses techniques de réalisateur sur ses propres albums. Il privilégie les choix esthétiques simples, axés sur une philosophie du mouvement. "J’aime enregistrer les refrains et les couplets dans des pièces différentes, un peu comme Brian Wilson a fait pour Good Vibrations. Ça crée des changements de couleur sonore d’un segment à l’autre d’une chanson", décrit-il. Après avoir terminé l’album, le groupe a également attendu trois mois avant de le mixer, "juste pour être sûr qu’on n’avait rien fait de stupide".

"L’important n’est pas de faire un disque parfait, ni de se rendre au numéro 1 du Billboard, mais de produire un son intéressant", énonce le musicien, dont le groupe a dernièrement signé la trame sonore du film Sympathy for Delicious, de Mark Ruffalo. "À l’ère de l’écoute en shuffle, c’est sans doute à notre désavantage. Mais, hey, se tirer dans le pied est ce qu’on sait faire le mieux!"

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