Clarika : De la finesse avant toute chose
La grande Clarika renoue avec les planches montréalaises après une trop longue absence. Elle est au sommet de sa forme artistique, c’est le temps d’en profiter.
Clarika, c’est un secret bien gardé dans la chanson française. Surtout deux titres ont éclaté au grand jour: Beau comme garçon et Les Garçons dans les vestiaires. Le reste du répertoire, en près de 20 ans de carrière, est diffusé sous le manteau par les amateurs de plumes tendres et moqueuses, improbable mélange d’Anne Sylvestre et Thomas Fersen. La finesse avant tout, la dextérité joueuse.
"Tout ça a commencé par une rencontre dans un cours de chant avec Jean-Jacques Nyssen, avec qui je travaille toujours. Il était musicien, moi chanteuse. Avant, j’avais envie de chanter, d’être sur scène, mais pas forcément d’écrire. Puis j’ai écrit mes premières paroles, qui sont devenues des chansons grâce à Jean-Jacques. On partait du texte." Si Clarika n’a pas à rougir d’une comparaison avec la grande tradition de la chanson littéraire, elle ne s’y enlise pas non plus. Elle aime bien piétiner les plates-bandes de la musique pop: "J’aime beaucoup les mélodies. Je n’ai pas envie que mes mots soient nécessairement devant. Parfois, la musique donne un sens au texte, une profondeur qu’il n’avait pas au départ, ou elle peut le décaler."
Gourmande de mots, Clarika a toujours écrit dans sa jeunesse: des nouvelles, des journaux intimes, ce qu’elle nomme affectueusement "des bêtises". Mais elle n’est pas tentée par le roman et autres formes d’écriture: "La chanson me va bien, ce sont des petits instantanés, le format court. Ça correspond bien à ma manière d’écrire, je crois. J’aime que la chanson soit facile d’accès, qu’elle touche les gens. Pas besoin de mode d’emploi. C’est instinctif, affectif. Si mes chansons passent en radio, je suis contente, mais je ne les écris pas pour ça. Leurs parcours nous échappent."
Depuis 1993, cinq albums sont tombés comme des échappées et comme des bonheurs musicaux. Moi en mieux, le dernier, est sorti en 2009 et a été un des meilleurs disques francophones de l’année. Il contient son lot de perles délicates: la tendre Lâche-moi sur le départ d’un enfant pour l’école et la vie adulte, la contemplative et magnifique C’est l’hiver ou la cruelle L’Ennui. Sans oublier ce clin d’oeil que la chanteuse se fait à elle-même: Dans les cabines d’essayage. Un opus rafraîchissant, original, qu’il nous tarde d’entendre sur scène.
On ne l’a pas vue chez nous depuis 1998. Il était temps qu’elle revienne. "Moi, la scène, je l’imagine comme un show, avec un début et une fin. On avait une création de lumières, mais hélas! on ne pourra pas les apporter à Montréal. Mes musiciens ne font pas que jouer, ils participent, ils chantent, il y a des chorégraphies. On s’amuse beaucoup." Et ça risque d’être contagieux.
À voir si vous aimez /
Thomas Fersen, Stéphanie Lapointe, Pauline Julien