Musique

Emmanuel Pahud : Au sommet de son art

Emmanuel Pahud élira domicile au Domaine Forget pour quelques semaines. Trois fois plutôt qu’une, il dominera la scène pour notre plus grand plaisir.

Le flûtiste Emmanuel Pahud est sans doute le plus grand ambassadeur qu’ait connu l’instrument de musique dans son histoire. Membre du Philharmonique de Berlin depuis maintenant 18 ans (il a été recruté à l’âge de 22 ans par le chef d’orchestre italien Claudio Abbado), l’interprète connaît depuis les années 90 une carrière discographique exceptionnelle qui ne cesse de se renouveler. Petit dernier sur les tablettes de votre disquaire, le disque Fantasy – A Night at the Opera, réalisé avec le chef d’orchestre québécois Yannick Nézet-Séguin.

"On vient justement de faire un concert à Paris avec le Philharmonique de Rotterdam pour souligner ce premier disque ensemble, précise-t-il. J’ai rencontré Yannick il y a maintenant trois ans, et c’est un grand bonheur. Musicalement, je me suis senti très proche de lui, c’est un sacré bonhomme! C’était fascinant de le voir à l’oeuvre. Yannick peut s’adapter à tous les styles. Qu’on fasse Mozart ou encore Carmen de Bizet, il a le goût sûr. De l’opéra italien à l’opéra allemand, tout de suite on est plongé dans un univers distinct."

Côté chef d’orchestre, Emmanuel Pahud s’y connaît. Avec nul autre que Claudio Abbado à titre de mentor à Berlin, le musicien a vu sa technique et sa démarche artistique s’émanciper. "Je suis arrivé là-bas à 22 ou 23 ans, se rappelle-t-il. Lorsque Claudio Abbado est parti, j’étais dans la trentaine. Avec lui, j’ai vécu une phase de maturité. Je suis passé de jeune homme à musicien. J’ai trouvé chez Claudio Abbado un exemple de dévouement, d’élégance et d’énergie. Une expérience unique et très formatrice. Mais j’apprends toujours! Avec Simon Rattle, entre autres, ou encore Daniel Barenboim et Seiji Ozawa, que l’on voit régulièrement à Berlin. Bien sûr, il y a aussi les jeunes: Yannick Nézet-Séguin et Gustavo Dudamel. On a beaucoup de plaisir à voir cette jeune garde monter."

De passage au Domaine Forget, le flûtiste donnera trois concerts en parallèle de ses cours de maître. Après un récital en formation de chambre, il rejoindra l’Orchestre symphonique de Québec dans un programme postromantique, avec, entre autres, le Concerto pour violon de Khatchaturian (adapté pour la flûte par Jean-Pierre Rampal). Pahud se joindra ensuite aux Violons du Roy et à Bernard Labadie pour se livrer à des concertos de Vivaldi et Telemann.

Cette fois, point de musique contemporaine pour ce boulimique de créations, mais néanmoins un répertoire dans lequel vous pourrez constater toute la science de ce prodige. "Je reste cependant toujours aussi dévoué aux nouvelles oeuvres, indique-t-il. En fait, je me suis donné pour objectif de créer un nouveau concerto chaque année. Je suis très content d’avoir une discographie qui puisse laisser une place au nouveau répertoire. Dernièrement, j’ai fait la création d’un concerto d’Elliott Carter, et d’un autre de Luca Lombardi. Mais j’espère aussi découvrir des compositeurs canadiens. Je suis toujours à la recherche de nouvelles oeuvres."

À écouter si vous aimez /
Patrick Gallois, Timothy Hutchins, Jean-Pierre Rampal