Keren Rose : Rose bonbon
Musique

Keren Rose : Rose bonbon

La chanteuse française Keren Rose, guitare en bandoulière, revient à Montréal avec un deuxième opus, après le succès de La Liste, chanson de l’inventaire amoureux.

C’est l’histoire d’une jeune demoiselle à qui il manquait des chansons. On l’imagine dans sa chambre, seule, à composer des ritournelles pour les garçons et les filles de son âge. Ainsi, les premières créations de Rose, telles qu’apparues sur son premier album éponyme (2006), ressemblaient beaucoup à la Françoise Hardy des tout débuts, celle éplorée, celle du temps de l’amour, des copains. Pourtant, Rose ne possède aucun disque de Hardy, seulement la chanson Message personnel dans laquelle on peut entendre: "Si le dégoût de la vie vient en toi / Si la paresse de la vie s’installe en toi / Pense à moi" (1973). Le ton est donné: un dialogue amoureux un brin malheureux.

Au bout du fil qui traverse l’Atlantique, Rose nous raconte son parcours: "À l’origine, mon père était guitariste amateur. C’est un instrument que nous avions dans l’oreille depuis tout petits. Il m’a appris les accords rudimentaires. Après, j’ai joué toute seule pendant des années sans prendre de cours. Je ne suis pas une virtuose, je m’accompagne simplement, ça fait partie de moi-même. J’ai été baignée dans mon enfance par les Beatles, les Stones, Bowie… À l’adolescence, c’était plutôt Goldman, Cabrel, Michel Berger. Puis je me suis rebellée en retournant au rock et à la pop de mon père. Maintenant, j’aime beaucoup la country aussi."

Dès l’âge de 10 ans, Rose commence à écrire des petits textes, des poèmes. Puis, autour de 18 ans, ses premières chansons: "J’en faisais comme ça, pour mes amis, mon entourage. Mais c’est devenu plus sérieux à 26 ans. Après une rupture amoureuse un peu douloureuse, j’ai composé La Liste. Je n’étais plus à Nice, mais à Paris, c’était donc plus facile d’accéder au monde musical. J’avais une amie qui travaillait dans le milieu de la musique, elle a adoré cette chanson qu’elle a fait écouter autour d’elle. Les gens l’ont aimée aussi, ça m’a encouragée. Puis on m’a annoncé que je ferais la première partie d’Alain Souchon, mais comme je n’avais pas assez de chansons, j’en ai composé d’autres." Le premier opus sort. Porté par le succès foudroyant de La Liste, il s’écoule à 450 000 exemplaires.

Et c’est la chute. Les Souvenirs sous ma frange, second album paru en 2009, est, selon elle, moins accessible. Elle en vend environ 50 000. "Du coup, j’ai vraiment compris que le premier avait été un miracle, surtout dans l’état de crise actuel du disque. En faisant Les Souvenirs, j’étais dans une période très douloureuse. Je voulais l’enregistrer au plus vite pour en finir avec cette période-là, comme un bilan. Mes espoirs, mes échecs. Je me débarrassais de mes démons. J’avoue aujourd’hui que je n’aurais peut-être pas eu envie que ce disque marche autant que le premier et devoir le défendre pendant trois ans." Sa tournée se termine à Montréal. Ensuite, elle passera à autre chose. Elle pense déjà au prochain disque.

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