Fred Fortin : Plastrer le décor
Fort d’un album (Plastrer la lune) vivement apprécié par le public, Fred Fortin en remet en venant présenter un concert dans le cadre du revampé festival Musiqu’en nous de la Petite-Nation.
Joint au téléphone, Fred Fortin est fidèle à son image. On devine beaucoup d’humilité chez le chanteur d’un calme absolu qui, dès la sortie de son premier album, a créé une onde de choc majeure dans le paysage musical québécois. Dans la province, il y a eu l’avant et l’après-Fred Fortin. Désormais, quand un album de rock a une sonorité le moindrement musclée ou si les paroles y sont récitées dans un joual assumé, les références à Fred Fortin sont instantanées. C’est à croire qu’il y a maintenant une touche réservée au nom du chanteur sur les claviers d’ordinateur des journalistes québécois.
Mais Fortin ne semble pas trop y porter attention: "Honnêtement, j’ai jamais trop remarqué ça. Je lis pas beaucoup les critiques ou les articles musicaux, donc je vois pas vraiment ces références. C’est sûr que j’en entends parler et que des fois, des gens me disent des choses comme quoi je les ai influencés, mais quand ça arrive, je trouve ça plus flatteur qu’autre chose. Ça s’arrête pas mal là."
Originaire du Lac-Saint-Jean et maintenant installé à Montréal, le chanteur croit que peu importe où l’on est géographiquement, le pari de gagner sa vie en tant que musicien est plutôt périlleux. On est à des milles des contes de fées: "C’est un métier qui est très précaire. Tu peux jamais t’asseoir et te dire que ça va toujours continuer de même. Il faut que tu te réinventes à chaque fois et y’a vraiment pas de chemins faciles. Quand je fais un album, je le fais toujours un peu en réaction à celui d’avant, question d’offrir du nouveau au public. Des fois, ça ne fait pas l’unanimité, comme pour Le Plancher des vaches ou Gros Méné, mais ça fait partie de la game."
Dans l’un de ses premiers enregistrements qui n’avait pas été distribué à grande échelle, Fortin flirtait avec des ambiances jazzy, tandis que dans son premier album, c’était à un rock aux accents funky qu’il s’était attaqué. Au fil des albums, comme le rocker s’est fréquemment amusé à voguer à travers les styles, y aura-t-il un jour une limite qui sera atteinte? Fortin conclut ainsi: "Quand j’ai commencé, c’était les débuts du numérique. On travaillait sur des DAT et c’était ça la technologie. Là, après plusieurs années, je me suis habitué à travailler avec l’enregistrement par ordinateur. Maintenant, il reste juste à s’inspirer des moyens technologiques. On verra bien."
À écouter si vous aimez /
Plume Latraverse, Mononc’ Serge, Sunny Duval