Steve Hackett : La guitare au bout du tunnel
Musique

Steve Hackett : La guitare au bout du tunnel

Le prolifique Steve Hackett ramène son prog sur disque et en tournée au Québec. Discussion téléphonique outre-Atlantique avec un humble virtuose.

Steve Hackett, membre de la royauté rock, a déjà déclaré être "the most boring guitarist to watch on stage". À l’approche de sa tournée québécoise en programme double avec la mouture 2010 des mystiques pionniers du prog Renaissance, nous offrons la chance au guitariste de se rétracter. La proposition est refusée: "Je ne bouge pas, je ne saute pas, je ne fais rien de particulier", réitère-t-il non sans une touche d’autodérision contenue.

Si le stoïque ne s’est pas transformé en histrion en 40 ans de carrière, Hackett pense pouvoir accéder à un plus large champ de possibles une guitare entre les mains qu’à l’époque où il tournait avec un certain quintette anglais. Il en veut pour preuve ces ornements flamencos que l’on entend sur son plus récent album, Out of the Tunnel’s Mouth. "J’ai cessé de jouer avec un "pic" dans les années 80, d’abord parce que je les échappais tout le temps, puis parce que mes ongles me permettent d’être plus polyvalent." Un album rock progressif pur beurre, mis en boîte au sous-sol de sa résidence et dont il reprend de grands pans sur scène. "La taille de mon studio correspond aujourd’hui à la taille d’un ordinateur. C’est une approche plus honnête, je crois. Ça a été une merveilleuse occasion de constater que l’on se leurre souvent dans un gros studio, en pensant qu’en jouant à tout rompre dans un amplificateur Marshall, le résultat sera plus puissant."

Autre citation incendiaire que nous soumettons au sieur Hackett: "Je préfère avoir du contenu que du style." "J’essaie de ne pas m’appuyer seulement sur la technique. Je suis plutôt soucieux de jouer la bonne chose au bon moment. C’est vrai qu’il y a beaucoup de gens qui croient que j’ai un style, concède-t-il le plus sérieusement du monde, mais je préfère penser qu’il s’agit de plusieurs styles."

DANS LE TEMPLE

Le prog était récemment anobli à Cleveland, au Temple de la renommée du rock’n’roll pour être plus précis, par l’entremise de la formation originale de Genesis. Est-ce un baume au coeur du guitariste associé à un genre souvent regardé de haut par une certaine intelligentsia? "Il y a des critiques qui décrivent ma musique comme progressive même si j’interprète un morceau de Bach ou de Satie. J’aime penser que l’idée maîtresse du prog est que l’on peut faire ce que l’on veut. Ça n’a pas forcément besoin d’être des morceaux interminables."

Phil, Mike, Tony et Steve se seraient tombés dans les bras lors de la cérémonie (en l’absence de Peter Gabriel) sans pour autant discuter réunion (des rumeurs à cet effet avaient enflammé la blogosphère et excité un paquet d’ados de 40 ans lors de l’annonce de leur intronisation). "J’ai toujours dit que je serais très content d’en être partie prenante si l’occasion se présentait, mais je crois qu’à ce moment-ci, ce n’est pas dans les plans de la majorité et que ça ne se fera probablement jamais. C’est la vie!" conclut-il, sans état d’âme.

À écouter si vous aimez /
Genesis, GTR

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LE BLUES PARTOUT

Sherblues reprend du poil de la bête avec la présence événementielle de Steve Hackett, quoiqu’on a déjà vu plus blues. Parmi les autres concerts, tous gratuits ceux-là, Guy Bélanger fera pleurer son harmo sur la grande scène à l’angle Wellington-King Ouest et, inversion des rôles, recevra son vieux compagnon d’infortune Bob Walsh, le 10 juillet. Au même endroit, Les Grandes Dames du blues (Dawn Tyler Watson, Angel Forrest et Clio) s’époumoneront le 9 et Mississippi Heat nous fera une soirée comme à Chicago le 8. Les locaux The Trouble Makers et leur leader Tim Brink joueront les garnements au Carré Strathcona et au Loubards le 8. Clarksdale Moan et son delta blues pactiseront avec le diable et Robert Johnson le 10 à l’Antiquarius et au Liverpool. Rick L. Blues débarque en costard au Café Bla-Bla le 9.