The Flaming Lips : La coupe aux lèvres
Les Flaming Lips reviennent à Montréal avec la ferme intention de reprendre la fête là où ils l’avaient laissée après leur célèbre passage au festival Osheaga en 2006.
Olivier Robillard-Laveaux
Même si les Flaming Lips comptaient déjà un bon nombre de fans montréalais, la ville est officiellement tombée sous le joug du groupe d’Oklahoma un certain soir de septembre 2006. Grâce à cette rencontre déterminante – et fort bien documentée sur YouTube -, les festivaliers présents à la première édition du Osheaga avaient quitté le parc Jean-Drapeau les yeux pleins d’étoiles, avec ces mêmes étincelles qui illuminent le visage après un coup de foudre. Sauf que cette fois, la soirée ne s’était pas terminée dans un buisson à l’ombre de L’Homme de Calder, mais en plein parterre, devant la scène principale, lieu du délire acidulé des Flaming Lips: confettis, costumes et, surtout, ce ballon géant dans lequel Wayne Coyne s’était engouffré pour marcher sur la foule, comme Jésus sur les eaux.
"J’ai encore des centaines d’artifices dans mon sac", lance le chanteur à propos des spectacles extatiques du combo. "Je crois que tous les groupes qui ont les moyens d’en mettre plein la vue aux spectateurs doivent le faire. Nos performances se veulent des moments magiques. Oui, la foule aime ça, mais c’est aussi un plaisir pour nous de pousser l’atmosphère de nos chansons à un autre niveau. Notre but ultime est d’amener la foule à vivre sans inhibition, comme si la soirée était la dernière de notre vie, et qu’il fallait en profiter."
Autre bonne raison de se réjouir, le prochain concert présenté à Montréal n’a aucun lien avec la sortie du très moyen Dark Side of the Moon, album sur lequel les Flaming Lips (entourés de Henry Rollins, Peaches et Star Death & The White Dwarfs, le groupe du neveu de Wayne) reprennent le classique de Pink Floyd dans son intégralité. Produit sur un coup de tête et enregistré aussi vite pour le compte d’iTunes, le disque voit la formation démolir les pièces de Dark Side pour les reconstruire à sa manière. La curiosité s’apparente aux fameux Record Club de Beck, un autre créateur passé maître dans la déstructuration d’hymnes pop. "Pour un musicien, les albums importants de l’histoire du rock’n’roll deviennent une sorte de mythe qu’il est bon de décortiquer, d’analyser. Surtout un disque aussi sophistiqué que Dark Side of the Moon. Comme nous ne sommes pas d’aussi bons musiciens que les membres de Pink Floyd, notre but était de jouer les chansons selon notre approche musicale plutôt que de copier la leur. On prenait une chance, tant pis si notre version rap de Money ne plaît pas."
Inhérent à la carrière des lèvres flambées, ce goût du risque teinte aussi le dernier compact original du quatuor, Embryonic, dont plusieurs titres seront interprétés cette semaine. Bien que plus aéré, le gravé se démarque de ses prédécesseurs de par sa facture expérimentale et aride. Un voyage plus difficile à apprivoiser, mais ô combien foisonnant, que les fans ont reçu avec enthousiasme. "C’est la beauté de la chose, avec les Flaming Lips. Nos fans sont des musiciens, des artistes et des marginaux qui ne veulent pas suivre les sentiers battus. Et je ne parle pas seulement en termes de musique. C’est une manière de vivre. Si tu veux une vie tranquille et stable, tu écouteras toujours la même musique sans chercher autre chose. Mais si tu veux une vie exotique remplie de surprises et de nouveautés, c’est certain que tu aimeras les Flaming Lips, parce que nous n’avons aucune espèce d’idée de ce qu’on fait."
À voir si vous aimez /
Super Furry Animals, Animal Collective, Syd Barrett