Éric Lapointe : Rock pour un gars d’bicycle

Arrêtez un badaud au hasard, non, mettez le grappin sur le Québécois qui exècre le plus Éric Lapointe et sommez-le de fredonner le plus de chansons possible du rockeur sanctifié. Voir est prêt à parier le prix d’un passeport de festival que le concurrent franchira le cap des 10 refrains-poing-en-l’air sans appel à tous, ni téléphone à un ami.

On suppose ainsi que le chanteur, au moment de s’asseoir avec son feutre pour dresser le plan de match d’un concert, se heurte à de cruels dilemmes. Que prioriser? L’existentialisme charnel de Marie-Stone? Le voyage au bout de la nuit de Loadé comme un gun? Le cri de ralliement exhalant la poche de hockey Les Boys? L’hymne aux after-hours Les Malheureux? Une reprise de Plume, de Ferland, de Desjardins? "C’est sûr que c’est plus familial en festival, fait-il d’abord valoir, ce ne sont pas forcément des fans. Je me concentre sur les tounes qui ont tourné. On ne va pas juste chanter pour le monde, on va chanter avec le monde. Faut que ce soit un party."

"Oui, j’ai eu beaucoup de succès à la radio, mais beaucoup de ballades. Je ne peux pas faire un show de deux heures de ballades", précise-t-il quand on lui réplique que les chansons qui n’ont pas visité les palmarès sur ses albums sont en minorité. "L’avantage d’avoir les mêmes musiciens depuis longtemps, c’est que je peux revamper le show. Ce n’est pas demain matin, donc je ne peux pas te dire si rendu là, il n’y aura pas deux, trois tounes qui vont avoir changé."

PASSER LA PUCK

S’il a été accusé de tous les maux, coiffé de toutes les épithètes – complaisant, racoleur, ringard, opportuniste, immature, misogyne -, sur des tons transpirant peu ou prou la mauvaise foi, impossible de reprocher à Lapointe de manger la puck, pour emprunter au vocabulaire sportif, tellement le leader applaudit les prouesses de ses musiciens sans se faire prier. Il prend ici l’initiative de nous jaser du guitariste Steve Hill: "On est des vieux chums, on s’appelle pis on va prendre une bière ça fait des années, bien avant qu’il vienne jouer avec moi. Je l’ai invité comme ça pour un show, on a du fun à travailler ensemble, je l’ai réinvité. Steve a sa carrière de son côté, mais tant qu’il a du temps à me consacrer, stie, je suis content."

Il fallait voir, lors de la tournée Ma peau, le concours de solos tenu entre ses trois guitaristes à la dextérité sportive (Deno Amodeo et Myc Myette, pas des novices). C’était à qui, avec ses enfilades de notes assourdissantes et ses mimiques simiesques, épaterait le plus le patron qui, en retrait, affichait l’un de ces sourires baba ruinant tous les discours chagrins sur le blasement des vedettes rock. "J’ai une Cadillac de band, pour ne pas dire une Ferrari. On a du fun à jouer ensemble, c’est pour ça que je lui donne de la place en masse. Je n’ai jamais été le genre d’artiste qui met des menottes à ses musiciens. Si je veux travailler avec eux autres, c’est parce que j’aime leur playing et que je veux que le monde en profite."

VIEUX CHUMS

Pour la première fois de sa carrière, Lapointe mène de front la tournée et l’écriture d’un prochain album. Il retrouve depuis quelques mois des compagnons d’infortune de longue date, dont Stéphane Dufour, Aldo Nova (réalisateur de son premier disque) et le parolier Roger Tabra, que l’on sait très malade. "Roger pis moi, on s’est rencontrés j’avais 20 ans et il avait l’âge que j’ai actuellement. Vingt ans plus tard, on a plein de souvenirs en commun. La vie m’a donné des claques dans la face dernièrement, lui aussi."

À écouter si vous aimez /
Marjo, Offenbach, Steve Hill

Scène Loto-Québec /

13 juillet
Jonathan Roy à 20h
Boom Desjardins à 22h30

14 juillet
The New Cities à 20h
Kaïn à 22h30

15 juillet
Honeymoon Suite à 20h
Dennis DeYoung à 22h30

16 juillet
Pépé goes français à 20h
Plume et ses mauvais compagnons à 22h30

18 juillet
Jorane à 20h
Diane Dufresne à 22h30