Gilles Vigneault : Un voyage identitaire
Gilles Vigneault s’invite parmi vous. Le poète se laissera bercer par une rétrospective unique qui commémore un demi-siècle de carrière.
Gilles Vigneault transporte dans ses bagages un héritage et une part importante d’histoire de la musique québécoise d’expression française. Même si l’écriture meuble encore sa vie, il constate sans regret qu’il doit revenir en arrière pour interpréter les chansons qui habitent l’inconscient collectif de notre société distincte. Sur les plaines d’Abraham, ce géant de la chanson nous présentera une rétrospective unique en compagnie des Charbonniers de l’enfer, de Florent Volant et de sa fille, Jessica Vigneault. "Le métier, il continue. Mais il continue dans ce qu’il a été! J’aime bien maintenant témoigner de ce qui s’est passé avant. C’est 50 années de travail!"
"Et un spectacle en plein air, c’est un autre vaisseau", continue l’artiste qui ne fait pas ses 82 ans. "On est capitaine d’autre chose. On rame quand même, mais on ne rame pas tout seul! Cette foule, on la laisse composer, on ne s’impose pas. Ce qui est beau, c’est que cette marée humaine, elle est là volontiers. Elle n’est pas là pour nous contester ou nous huer! C’est une foule qui est là pour saluer ce qu’elle a déjà applaudi. Des chansons qui l’ont déjà touchée autrefois. Parfois, ces chansons ont été des distractions à son ennui. Dans le fond, cette foule est là pour se fêter. Ce sont des gens qui viennent à leur propre rencontre! Je dirais qu’avec le temps, certains d’entre eux se laissent même séduire par ce qu’ils ont été dans le passé!" constate-t-il en riant.
Son dernier disque, Retrouvailles, est un disque d’amitié, où il reprend en duo ses plus grandes chansons. Mais n’allez pas lui dire qu’il a suivi une mode. Il vous répondra qu’inviter le chanteur français Guy Béart – "qui ne chante plus depuis 10 ans!" – est loin d’être à la mode. "C’est Paul Valéry qui m’avait dit à l’époque qu’il n’y a de véritable momentum que ce qui a bien vieilli."
Mais parmi ses amis chanteurs, québécois et français, se trouvent aussi quelques "jeunes", dont Loco Locass (Tout le monde est malheureux), qui ouvrira le spectacle du 14 sur les plaines, et Catherine Major (La Danse à Saint-Dilon). "Catherine, c’est talentueux, c’est rigoureux et… c’est inquiet aussi. Une inquiétude particulière, mais très créative. Il n’y a pas de mal là-dedans, au contraire. Elle est très exigeante avec elle-même."
Une auteure-compositrice-interprète qui semble d’ailleurs vouer un respect sans borne aux mots, chose que Vigneault sait reconnaître. "Trop souvent, la musique enterre tout aujourd’hui. Plusieurs artistes tiennent à montrer qu’ils ont une grosse cargaison. Alors ils hissent une voile démesurée. Avec un vent fort, cette voile devient un problème, la coque, elle, ne résiste pas. Les gens se présentent à ces spectacles, et on se demande bien pourquoi. Il y a de la visite à la porte, mais il y a tellement de tapage dans la maison qu’on ne sait même plus qui nous rend visite. Et surtout, on ne sait plus ce que cette visite est venue faire chez nous… Je trouve ça dommage. Moi, j’ai toujours été très curieux du message qui est véhiculé dans une chanson. Le pourquoi. J’aimerais l’entendre plus souvent chez certains artistes d’aujourd’hui." ?
À écouter si vous aimez /
Félix Leclerc, Claude Léveillée et Raymond Lévesque