Konono n° 1 : Possession simple
Musique

Konono n° 1 : Possession simple

Konono n° 1 cultive sa transe électro-acoustique depuis déjà trois générations. Place au phénomène africain qui parcourt maintenant la planète.

C’est grâce à Aharon Matondo, responsable administratif du groupe en tournée, que nous avons pu nous entretenir avec Augustin Mawangu, l’un des trois instrumentistes au likembé. Cet instrument de musique caractérise le son de la formation Konono n° 1, fondée dans les années 60 par le père d’Augustin, Mingiedi. Nous pourrions comparer cet instrument à une harpe miniature, composée de lamelles de métal (traditionnellement en bois) que les musiciens pincent avec leurs doigts. Plongés dans Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, Mingiedi et ses complices ont eu la judicieuse idée d’amplifier lesdits instruments pour s’ajuster au bruit ambiant.

La distorsion est omniprésente dans la musique de Konono n° 1. Avec ses microphones rafistolés et un mégaphone pour la projection sonore, cette distorsion se conjugue à des sons métalliques comparables à certaines musiques électroniques. Le groupe compose avec la technologie de manière originale et semble l’apprivoiser de mieux en mieux après toutes ces années.

"On était inquiets, lors des premières tournées du groupe, il y a cinq ans. Pour le mégaphone surtout, nous traduit Aharon Matondo pour Augustin Mawangu. Il était en aluminium et très fragile. On s’est ajustés avec le temps, et on a trouvé un autre système. On a aussi changé quelques micros-capteurs depuis. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de distorsion. On aime bien."

Avec son dernier album, Assume Crash Position (la traduction en anglais du terme Konono n° 1, selon Aharon Matondo), la formation congolaise continue d’intriguer et de se bâtir une réputation scénique enviable. La transe est omniprésente et semble même avoir quelques effets bénéfiques, si on en croit le musicien.

"Tu dois comprendre que les esprits de nos ancêtres font partie de cette musique, affirme-t-il. Lorsqu’on joue, quelque chose d’étrange se produit dans notre corps. C’est une sensation très vive. Il est arrivé quelque chose de très étrange lors d’un spectacle en France dernièrement. Une jeune personne est venue en coulisse après le concert pour nous avouer qu’elle avait été guérie par notre musique. On n’avait jamais été témoins d’un tel phénomène auparavant. Sérieusement, on ne sait pas trop quoi en penser… C’est vrai qu’on est en transe lors de nos performances. Tous. Chaque fois que ce moment arrive, je crois que notre désir collectif est de le communiquer à la foule."

Les collaborations se sont multipliées pour la formation qui semble encline aux expériences nouvelles. Après Björk, ce fut au tour du pianiste Herbie Hancock de faire appel aux musiciens pour son dernier disque, The Imagine Project, où il a repris Imagine de John Lennon. "Au départ, Herbie Hancock avait choisi un morceau de notre répertoire qu’il avait adapté. Il voulait qu’on le reprenne en studio. Mais ça ne fonctionnait pas. On a donc improvisé et on a finalement trouvé une autre mélodie. C’était bien, il semblait très heureux du résultat."

À écouter si vous aimez /
Kasaï All Stars, le guitariste africain Franco, Björk