The Besnard Lakes : Vents contraires
Musique

The Besnard Lakes : Vents contraires

The Besnard Lakes fabriquent un rock ténébreux et archi-texturé qui se révèle le négatif des humeurs de leurs créateurs.

Avec sa femme Olga Goreas, Jace Lasek compose le noyau des Besnard Lakes. Ensemble, ils peignent une fresque rock oppressante qui multiplie les détours psychédéliques, planant comme un orage sur les guitares d’un Tony Iommi sous sédatif et les choeurs de Beach Boys inquiets.

À l’envers d’un Brian Wilson dont les hymnes à l’indolence dissimulaient une profonde douleur, le leader des ténébreux Besnard Lakes fait figure de G.O. au Club Med du rock tellement le ton de l’entretien est enjoué, l’enthousiasme lumineux et le contact immédiatement amical.

"Hey man!" décoche Lasek en guise d’introduction à une conversation qui déboule. Tout de suite, il est question de la console sur laquelle Led Zeppelin a enregistré Physical Graffiti et que Lasek a récemment acquise pour son studio montréalais, dans lequel il a déjà réalisé des albums pour les Dears et Wolf Parade. Il raconte ensuite être allé voir Yes à Laval la veille, et expose à quel moment le prog s’est égaré selon lui ("avec Emerson, Lake and Palmer, c’est un peu devenu de la musique de branleurs"). Puis il oblique vers Pink Floyd, évoque Meddle ("les gens pensent que c’est du prog, mais on s’entend, ça n’a rien à voir avec, genre, Genesis"), avant d’en venir aux modèles shoegaze (dont Spiritualized et Swervedriver) qui ont engendré le rock limbique qu’il pratique aujourd’hui.

"Notre musique est effectivement difficile à classer, admet Lasek, mais la description qu’on m’en a donnée et qui m’a fait le plus plaisir parce qu’elle semblait la plus juste, c’est lorsqu’un journaliste m’a dit que nous créions un pont entre ces deux genres, entre le rock progressif et le shoegaze, entre les années 70 et 90."

Un pont pavé d’inquiétudes, d’une angoisse qui semblait à son comble sur le second album du groupe: The Besnard Lakes Are the Dark Horse.

Et comme Lasek paraît créer en imprimant le négatif de ses humeurs, le tout dernier (The Besnard Lakes Are the Roaring Night) fait preuve d’une certaine légèreté tandis qu’il a justement été créé dans l’appréhension.

"Nous avons fait nos deux premiers disques avec la certitude que personne ne les écouterait. Maintenant que nous savions que des gens achètent notre musique, que la critique aime ce que nous faisons, j’avais peur de ne pas pouvoir retrouver cette espèce d’insouciance. Je sais que j’en suis capable. Nous faisons encore la musique dont nous avons envie, je suis soulagé."

À écouter si vous aimez /
Spiritualized, Godspeed You! Black Emperor, Black Mountain